OUATE ET VERRE

OUATE ET VERRE

31.8.07

Tengo un corazón





J'ai un coeur mutilé d'espoir et de raison j'ai un coeur qui se lève de bonne heure où il veut ay ay ay ay ay ! Ce coeur est nu d'impatience devant ta voix, coeur, ce pauvre qui ne recueille pas son cordon Je voudrais être un poisson pour toucher mon nez dans ton bocal à poissons et faire des bulles d'amour n'importe où, ohhhh Passer la nuit en bougies mouillé en toi Un poisson pour broder de coraux ta ceinture et rendre des silhouettes d'amour sous la lune, ohhhh Rassasier cette folie mouillé en toi Il chante ce coeur avec une ancre indispensable d'illusion Il rêve ce coeur, ne t'obscurcis pas d'amertume, ay ay ay ay ay Et ce coeur est nu d'impatience devant ta voix, pauvre coeur qui ne recueille pas son cordon Il veut être un poisson pour toucher son nez dans ton bocal à poissons et faire des bulles d'amour pour n'importe où, oohh Passer la nuit en bougies mouillé en toi Un poisson pour broder de coraux ta ceinture et faire des silhouettes d'amour sous la lune, oooohh rassasier cette folie mouillé en toi Une nuit pour nous descendre jusqu'à la fin les yeux dans les yeux, baiser à baiser Et vivre pour toujours mouillé en toi Il voudrait être un poisson pour toucher son nez dans ton pecera et faire des bulles d'amour pour n'importe où, ohhh passer la nuit en bougie mouillé en toi Un poisson pour broder de poivre ta ceinture et faire des silhouettes d'amour sous la lune, ohhh rassasier cette folie mouillée en toi Pour toucher mon nez dans ton bocal à poissons et faire des bulles d'amour n'importe où, ohhh passer la nuit en bougies mouillé en toi Un poisson pour broder ta ceinture du poivre et faire des silhouettes d'amour sous la lune, ohhh vider cette folie mouillée en toi


[Image par hi3 Chanson par Juan Luis Guerra Mauvaise traduc des paroles par moi-self]

29.8.07

Karma

Dans ma prochaine vie, je serai bouchon.

Vivant en haut d'une bouteille de champagne
Enficelé de métal
Mon cap plat me retiendra
Pendant que les bulles
Éventuelles
Me feront des chatouilles fantômes aux pieds...

Un jour, un vieux couple aigri achètera
Ma bouteille
Pour fêter ses cinq ans de cohabitation
(Se retrouvant seulement tardivement dans leur vécu)

Et, après un soir
D'amour vache
(Bon, c'est vieux et mou, mais ça fonctionne toujours, une langue),

Ils claqueront leurs derniers sous
(Naturellement, ce sera une fin de mois sans fin)

Pour le privilège
De me ramener
Chez eux

Là, dans la poussière
D'une piaule mal rangée
Avec leurs griffes
Et un couteau
Et enfin avec les quelques dents
Qui leur restent

Ils arriveront à me libérer

Et je repartirai,
Chouing
Comme une fusée
Dans un trajet de joie

J'irai crever l'oeil à elle

Et lui,
Bouche bée
Qui fera preuve
De ses dernières ratiches
Se cachant derrière
Ses maigres babines
Gluantes,

Rira enfin
Aux grands éclats.

(2005)

28.8.07

Sept mots

[suivant une consigne sur Impromptus Littéraires, il fallait incorporer sept mots dans un récit. Voici mon résultat -- qui ne casse pas de briques, hélas...]

On l’avait baptisé Orion le lendemain de son arrivée chez nous. Papy, déjà un peu vague à l’époque, égarait toujours ses pantoufles, et le jeune chiot marron et noir a gagné son nom de chasseur ce premier week-end où il a retrouvé, pour la troisième fois, les charentaises de mon grand-père.

Ce chien était plus sûr qu’un GPS, il ne se perdait jamais, et il ne permettait jamais aux autres de se perdre. Bien des fois, il me ramenait des bois dans le crépuscule après une journée que j’avais passée perdue dans une de ces rêveries adolescentes connues pour leur sensualité. Je ne faisais jamais attention à l’heure ni au fait que le soleil descendait de plus en plus bas vers l’horizon, mais mon beau berger allemand, lui, n’oubliait jamais son devoir : celui de me ramener saine et sauve à la fin de chaque randonnée.

Normal alors qu’Orion m’accompagne lorsque j’ai définitivement quitté la demeure familiale pour aller m’installer dans un village assez loin. Papy était décédé, mes parents voulaient voyager, et c’était logique que cet ami de ma jeunesse viendrait vivre avec sa copine de toujours, dans la petite maison au petit bourg perdu. Ensemble, on a commencé notre vie de professeur d’anglais et son chien.

Il jouait ce rôle comme toujours, noblement, toujours prêt à m’accompagner lors d’une promenade le soir ou le week-end. C’était lui qui m’accueillait toujours à la porte, les yeux noirs brillants, un petit bonsoir gémi doucement pour me dire qu’il était content de me revoir. Dans la bonne tradition de la famille, c’était lui qui cherchait mes pantoufles ou mes sandales lorsque je me mettais à me décontracter après une longue journée devant mes classes parfois contrariantes et toujours exigeantes.

Et puis, un soir, Orion n’était pas là devant moi dans la cuisine quand je suis rentrée. Je l’ai retrouvé couché devant la cheminée au living. C’était la première fois en quinze ans qu’il n’était pas venu m’accueillir à la porte.

Le véto a vite trouvé le problème, un cancer déjà la taille d’un gros abricot. Il n’y avait rien que je pouvais faire pour mon ami, sauf l’aider à sortir de son déclin qui promettait d’être rapide et douloureux. J’ai beau regarder mon agenda, je ne voyais pas les pages. Ce n’est jamais facile de trouver une date pour la mort.

Le lendemain, Orion et moi avons fait notre dernière promenade ensemble, la première où il a manqué de me ramener dans le crépuscule. Je suis rentrée seule et perdue, sa laisse toujours dans ma main, pour me guider, faute de mieux.

Ce n’est qu’en ouvrant la porte que j’ai vu ma tong rouge qui avait disparu dans le tracas de la rentrée. Ce jour-là, son dernier, Orion l’avait retrouvée et laissée où il savait que je la verrais à travers ces larmes qui tombaient comme des flèches d’un chasseur perdu.

27.8.07

Trumpeter swan

Moi, j'étais le roi des marais
Des prairies,
Natif,
Mais on m'a chassé
On m'a abattu
On a mangé ma chair
Afin que je donne vie
Aux envahisseurs.

Et maintenant,
Je reviens,
Riche en héritiers.
Je trompette mon retour
Parmi les vivants,
Mais je vis encore
Derrière une grille.

Et toi,
Quand seras-tu de retour
Devant ou derrière
Ta grille ?

À l'eau !!!




26.8.07

25.8.07

Mais c'est un scandale !!!

Poing sur la table,
Voix rauque grattant le micro :
Au revoir Raymond.

24.8.07

Je me promenais

Je me promenais dans la pluie en pensant à toi goutte à goutte, moi, ta
plouque, moi ton fondant fondé sans fonds, moi ta foi, moi, ton toi --

Je me promenais dans la pluie en pensant que tu pars sans me voir, sans me
fuir, moi, ta fière, moi ta fantasme, fantaisiste fan, moi ta joie, moi, ton
toi --

Je me promenais dans la pluie en pensant que la pluie ne m'ennuie que d'une
nuit, moi ta nuisée d'une nuitée, en nuisette, moi ta nue, mal tenue, moi,
ton toi --

Et toi, tout mon moi, toute ma mue, toute ma joie, toute ma glu, tout mon
homme, toute ta gloire, tout ton tout --

Je me promenais vite dans l'espoir de te voir, de t'avoir, tout à moi --

Je me promenais, promenais, promis, promise, promu, probée, prolo, procès,
propos --

Et toi, mon émoi, mon amour, mon amour, mon amour --

Mon amour, mon grand toi, mon amour --

Je me fonds dans ton toi, dans ton tour, dans ton toi --

Mon amour --

Je me fonds, je me fonds, je me

Promenais, promenais, promenais, là,

Dans la pluie.

(2004)

23.8.07

Bonne nuit

Ceci est un conte de fée
À qu'on plie.

Il était une fois
Une mauvaise foi
Sans cesse.

Cette foi était à ronger
D'avance par un méchant
Chanteur charmant chantant
Mes chants.

(Je vous ai bien dit
qu'il était méchant,
ce charmant menteur,
marmonnant méchamment
mes chants.)

Bon.

Où en étais-je ?
Ah oui, la fois
Où j'allais te raconter
Un conte conté par un
Rat.

Bon.

Il était une fois
Un rat.

Ben non, rien d'autre,
Un rat, sans rien d'autre,
Nu comme un ver,
Car sinon, ce serait
Raté.

D'accord ?

Non mais !

On recommence.

Il était une fois
Un compte de fée.

Elle devait déjà beaucoup
Au comte, qui aimait
Et qui ne comptait
Donc pas.

Ce qui a fait que la fée
N'avait plus de compte,
Ni de comte.
Ni de conte.

Non, pas de fée.
Non, pas de rat non plus.
Des vers ?
Ben non,
Qu'est-ce que tu racontes ?

C'est bien un conte
D'effet,
Mon chéri.

Comment ?
Tu dors déjà ?

(2002)

22.8.07

Idylle

Parvenir,
Souvenir

À venir.
Devenir

Vernie
Vers nous,

Vérifie
Ce qu'en nous

Ce qui noue,
Véridique,

Vers l'idylle
Nostalique.

Dis qu'on vient
Disconvient,

Nous dénoue,
Nous laisse nus.

Découverte
Imprévue,

Revenue,
Survenue,

Tant voulue,
Tant voulue.

(2004)

21.8.07

Murmures sur l'oreiller

chuchotis insoumis
sensuels, graduels

-- Chérie, que fais-tu, t’as vu l’heure ? Éteins cet ordi et viens te coucher.

-- Oui, minute…

brin de satin
kyrielle de dentelle
velours à rebours

-- Qu’est-ce encore, c’est pas ce groupe littéraire ?

-- Ben si ! Je voulais juste voir…

reflets
ombres
lumières

-- C’est quoi le sujet cette semaine ?

-- Eum…des écrits érotiques…

courbes et creux
secrets soyeux

-- Tu écris ou tu lis ?

-- Ben, les deux, quoi.

une pause
pour respirer
son parfum

-- Les deux ? Tu veux que je t’aide ?

-- Non, ça va…mais arrête de me faire des chatouilles…

propos propices
douceurs, délices

-- Mais ceci, ma chérie, personne ne parle de ceci ?

-- Mmmm….non.

effleurements, glissements

-- Et ceci, ma douce… hein…

-- Mmmm…

essences
indécences

-- Ou encore…ceci…

-- …

silences
décadences

-- …

-- …

murmures sur l’oreiller
Ma traduction de David Whyte, extrait de "Sweet Darkness"

Quand tes yeux sont fatigués
Le monde est fatigué aussi.

Quand ta vision est partie nulle part du monde ne peut te trouver.

C'est l'heure d'aller dans le noir où la nuit a des yeux pour reconnaître les siens.
Là, tu peux être sûr que tu n'es pas hors la portée de l'amour...

Parfois il faut le noir et la douce détention de ta solitude pour apprendre
que toute chose ou toute personne qui ne te met pas en vie
est trop petite pour toi.

20.8.07

Je patiente encore

Il est partialler
jouer
de la musique
me laissant là
dans les échos de silence
qui retentissent dans le calme
d'un beau rythme

Il est partialler
s'éclater
avec ses copainscopinescopieux

Il est partialler
en me laissant
ce bisou que je sens
toujours sur mon oreille,
celle dont il a tracé la courbe
en me chuchotant sa muse- t'esbelletoi- zik

Il est partialler
mieux pour enfin
revenirrester

(2003)

19.8.07

Ce soir, la nuit, la pluie sont tombées

Elle aussi, lui autant
Eux sont tombés du ci-dessus
Sont tombés des ice-lieux

La chute de grâce
Grâcieuse

Ce soir, lui la nuit
Elle la pluie
Lui noir et sombre
Elle liquide

Chaleur
Fraîcheur
Rosée
Délicieuse

Ce soir, la nuit la pluie
Sont tombées
Amoureuses

La chute,
De grâce,
Gracieuse

(2004)

Adieu l'orme


Adieu l'érable


Loin de là, à travers les champs

Loin de là, à travers les champs labourés
Tu te promèneras, les pieds nus dans l'argile.
Les mouettes tourneront autour des sillons retournés
En cherchant des vers exposés, en cherchant, facile.

Toi, la tête libre, les épaules hautes et rejetées,
Ton profil se reposera contre le ciel d'acier blafard.
Ton pouls battera au bout de tes tempes relevées.
Le rythme de ton coeur nu au monde, à son regard

Scrutateur, qui relevera tes folies passe-bas,
Le soleil qui fera étinceller les poils grisâtres :
Tu ne t'en iras pas, tu ne t'excuseras pas.

La joie qui a fait jaillir tes amours acariâtres,
Grandes et bleues qui vibraient de haut jusqu'en bas
De la voix à l'autre bout de tes combats douceâtres.

(2003)

17.8.07

Ma journée en 2050

Le 18 août 2050, je me réveillerai lorsqu'une petite brise soufflera quelques-unes de mes cendres et les fera traverser les Champs-Elysées ou encore la Grand-Place à Bruxelles et même la surface de mon étang, à la nage. Quelques-uns de mes atomes arrêteront sur un grand café crème, d'autres sur la tartine d'une autre Américaine qui déjeunera sur la terrace d'un hôtel avec son amoureux. Leurs yeux se souriront calmement, et cela me rappelera toute la joie que m'ont apportée des reflets dans les yeux que j'ai connus dans ma vie. Mon fantôme ira gratos au cinéma, je me sentirai bien dans la salle obscure devant la lumière vacillante devant l'écran, je savourerai les mots, les gestes, les images, des échos du temps où j'étais en vie. Tard dans l'après-midi, quelques-unes de mes molécules iront s'installer devant l'horizon, guettant encore un de ces épatants couchers de soleil, me rafraichissant et me réchauffant à la fois par leur beauté changeante mais éternelle. La nuit, mes restes -- atomes, molécules, cendres, fragments -- se coucheront où ils pourront, se félicitant de la parfaite liberté qu'ils ont enfin de se promener partout dans le monde, dans le vent.

Braises

De loin, je vois des flammes vivement jaunes, propres, intenses, je sens presque leur chaleur à un kilomètre de loin, ineffaçables contre le ciel qui se noircit. Sans doute, c'est un bâtiment qui brûle, une vieille dépendance quelconque, perdue, abandonnée à la brousse. Curieusement, il n'y a aucune fumée. Ce feu est propre, contenu, correct. Il se surveille, il se retient. C'est un incendie maniéré qui consomme ce qui est à lui, pas plus, pas moins, nettement, délicat mais formel dans son travail, précis : une conflagration qui se garde à elle, évitant la promiscuité des champs desséchés attendant la verdure du printemps. Devant cette beauté impérieuse et efficace, je frémis en rentrant pour me blottir contre une peau rugueuse qui me rallume.
(2005)

16.8.07

On ira, toi et moi

On ira toi et moi graver nos noms
Sur l'écorce de ce bel arbre au fond des champs
Celui qui nous garde au frais
Qui nous murmure ses doux chants
Qui nous bercent de calme et de paix
On ira toi et moi graver nos noms

On ira toi et moi boire de cette eau à la source
Claire qui roucoule en bas de l'arbre au fond des champs
Celle qui nous désaltère au frais
Du sol qui nous murmure ses balbutiements
Qui nous bercent de calme et de paix
On ira toi et moi boire de cette eau

On ira toi et moi nous coucher sous les étoiles qui scintillent
Au-dessus de la source de l'arbre des champs
Celles qui nous sourient au frais
Du soir, qui nous épient dans nos amours
Qui nous comblent de calme et de paix
On ira toi et moi nous coucher

(2002, 2007)

15.8.07

Spring Grove, MN


Chercher le paradis un dimanche après-midi au Mid-West, c'est pas évident, alors en traversant la ville de Spring Grove, Minnesota, tu verras toutes les portes verrouillées même celles de chaque église, faut bien que Dieu même Celui des luthériens fasse sa sieste, Lui aussi, le dimanche dans l'aprèm, où même les géraniums dorment au-dessous des fenêtres cadrées en bleu, alors, en traversant la ville de Spring Grove, Minnesota, un dimanche ensoleillé de septembre, en soif du paradis, tu verras toutes les portes verrouillées sauf celle du magasin d'alcools...

Épouvante

C'est là, à la fin du polaire,
Où le fantôme vient bouffer les os
De la victime

Où l'on peut lire
Dans les flaques du sang
Qui coulait

C'est là où elle a pu
Tracer ses initiales
Rouges

Qu'on peut voir les pas
Du héros qui traverse
Le salon

Histoire de se verser
Un cognac parfumé

C'est là où le vampire
Ressort de l'armoire
La croix

Dans sa main
En poussant des fous-rires
En hurlant, la lune pleine

C'est là dans ce sous-sol
D'émotion, enveloppé
Dans les toiles d'araignées

Que tu me dis, sang-sue,
Que tu ne m'aimes
Plus.

(2004)

Ce qui reste...

13.8.07

Genre

Savoir que
Rien n'est
Neutre

Se rappeler que
La parole
Est féminine

Apprendre que
Le silence
Est masculin

(2002)

Dans le silence de la nuit profonde

Dans le silence de la nuit profonde
Se cachent les petits secrets
Qui ont peur et froid et soif et faim

Tu fais partie d'une drôle de fronde
D'étincelles qui font les reflets
Faits de la soie, du voile de daim

Et tu voulais que moi, je ponde
Un oeuf, une perle et des déchets
Le son de la joie du coeur d'essaim

(2004)

10.8.07

Poème rejeté

À la place Sainte Marthe, couleurs et affaissement :
Ce petit coup de blanc n'y restera pas trop longtemps
Devant les portes de fer, les grilles, la dentelle du balcon
Métallique qui encadre le rouge des géraniums…

La rue te serre comme un amant, en rose,
Qui cherche à te bercer, te garder au chaud,
Te choyer, te chérir, te garder au jaune, au mauve délavés
Par ce soleil qui se cache sous une couverture douce et râpée.

Cette place, tu la connais, c’est une vieille palette
Qui te murmure. En douceur elle te guette.
Tu t’y trouves, t’y retrouves, t’y amnisties.
Une pénombre te délaye, tu t’y confies.

Et puis, tu t’y noies dans ces yeux, dans une ombre
Qui te berce, qui te choye, qui te garde sans encombre.
Au chaud d’articoeur qui ne saurait qu’aimer,
Qui ne saurait qu’aimer, qu’aimer léger, orangé.

À la place Sainte Marthe où retentissent les rires
Les soupirs, les nuances, les teintes, les désirs,
On y voit toujours les couleurs, les couleurs :
Coup de blues qu’on y restait si peu, si longtemps.

Poème accepté

Une écrivaine vit une consigne
Qui lui sembla de belle taille.
Elle, qui n'était pas douée en tout comme une artiste,
Envieuse, s'étendit, et s'enfla, et se travailla,
Pour égaler les œuvres en vedette :

Elle prit un pinceau,
Le trempa dans l’eau.
Disant : « Regardez bien ma soeur;
Est-ce assez ? dites-moi; n'y suis-je point encore ? »
-- Nenni.

Elle prit un pinceau,
Le trempa dans l’eau,
Saisit une palette,
Béret, cigarette.
Chevalet bien planté
À Montmartre ! « Ohé !
M'y voici donc ? »
-- Point du tout.

Elle prit un pinceau,
Le trempa dans l’eau
Saisit une palette,
Béret, cigarette
Chevalet bien planté
À Montmartre ! Eh ! Ohé !
Gouaches ! aquarelles !
Inimitables, immortelles !
--M'y voilà ?-- Vous n'en approchez point.

Le chétif effort
S'engoua si bien qu'elle creva.

Le monde est plein d’artistes qui ne sont pas plus sages:
Tout amateur veut dessiner comme les grands maîtres,
Tout petit paysagiste a des supporteurs.
Toute écrivaine veut peindre des images.

Cherokee Four-Niner Foxtrot

petit coucou
bleu et blanc
cicatrisé
par le temps
hélice, délice,
machine propice
s'envole en cocon
perçant le coton
bleu sur vert
pied-à-terre
dans l'air où l'on erre
retour tout doux
petit coucou

9.8.07

Sciures

Les branches, subtiles,
Ont laissé de grands trous
Dans la terre

Et sur ma peau
Des égratinures,
Des bleus.

Elles se soumettent
Silencieusement
À mes attentions,

Mais pas sans vengeance,
Un peu comme les ongles
D'un cadavre
Qui griffe
Sa veuve

Afin de lui dire :

Toi, je t'en veux,
Toi qui n'as pas
Encore arrêté
De sentir la douleur.

7.8.07

Dieu que c'est beau...


Dieu que ça fait peur !!!

Nature meurtrière


Elle a tué mon érable.

5.8.07

Échappatoire

Escapade
 dérobade,
excuse,
faux-fuyant,
fuite :
prétexte, subterfuge.

Pirouette, reculade.

Volte-face.

Atermoiemant.

Tergiversation.

Débâcle, débandade, déroute, panique, sauve-qui-peut.

Synonymement,
Asychrone,

Une fuite est une fuite est une fuite.

4.8.07

Au point de départ

En partant au soleil, viens poser valise
Sur mon seuil dépouillé, nu sous mille feuilles
Ton regard tranquille, servant de balise
Polit la nature, et toi qui t'endeuilles.

Tu t'habilles donc en noir, noir sera de mise
Et moi et le soleil dansons aux chèvrefeuilles
Qui se dénuent, pudiques, modestie exquise,
Comme les colchiques que là tu effeuilles.

Ahuri, le soleil s'en lassera aussi
Il reprendra chemin nous laissant nos rêves,
Reflets chimériques, l'automne assoupi.

Tes voiles s'envoleront, ton déplaisir aigri
S'oubliera ainsi en blancheur sans trêve.
Le soleil reviendra, en amoureux transi.

Lost in Translation

Francis Petrarch, Le 1er Sonnet (Le Secret)

Toi qui entends dans des rimes éparpillées le son de ces soupirs
desquels j'ai nourri mon coeur pendant ma première erreur de jeunesse,
quand j'étais en partie un autre homme de celui que je suis à présent :

pour le style varié avec lequel je pleure et je parle entre
les espoirs et la tristesse vains, où il y a quelqu'un qui
comprend l'amour de l'expérience, j'espère retrouver la pitié,
pas seulement le pardon.

Mais maintenant je vois bien comment depuis longtemps j'étais le sujet
des potins de la foule, pour lequel, j'ai la honte de moi en moi ;

et de mon délire, la honte est le fruit, et la pénitence, et
le savoir clair que tout ce qui plaît dans le monde est un rêve
très court.

3.8.07

Cannonball par Damien Rice

Aux beaux ah !

(pour Arnaud)

je laisse échapper
des mots
là où je trouvais
toujours trop beau
pour mes paroles

le meilleur substitut
pour l'esprit
est le silence

mais cette fois-ci
c'était plus fort
que moi

(Son blog : http://arnaud-maisetti.blogspot.com/)

Chante nylon fébrile


Jamais deux sans trois...

Mais ils font exprès, je trouve !!!


Deuxième poème sorti de la boîte...

Magnetic poetry, FRANÇAIS Edition


Les premiers aimants sortis de la boîte, je ne blague pas...


2.8.07

là dans le noir tu t'endors

là dans le noir tu t'endors, tu préfères
tu l'entends respirer, et tu comptes les chances
qui te restent sur les doigts d'une seule main...

sous un toit quelconque, tu entends les colombes qui
se disputent d'une croûte avec les pigeons et tu
t'étonnes à savoir que c'est une colombe qui gagne

et tu souhaites, là, dans le noir, pouvoir toujours
rester dans le chaud du duvet anonyme

(juillet 2004)