OUATE ET VERRE

OUATE ET VERRE

21.3.15

chute de cheveux

retomber
comme 
un
cheveu
dans
la 
soupe
est
une
manière
de 
dire
que 
c'est
au
poil

24.2.15

Je tutoie qui je veux

Je tutoie qui je veux
Les grands, les gros
Les moches, les beaux
Je tutoie qui je veux.

Je tutoie si je veux
Des mères, des pères
Et même l'enfer
Je tutoie si je veux

Je tutoie qui je veux
La vie, la mort
Les poules, les porcs
Je tutoie qui je veux.

5.2.15

Mon dernier mot

Mon dernier mot sera
Mets le chauffage.
J'ai froid.

4.2.15

C'est obscène

C'est obscène, 
Ces mots soufflés
À l'oreille de la nature
Par ce grand satyre
L'hiver.




3.2.15

À la Chandeleur

J'ai eu peur.

2.2.15

Le janvier de mon silence

le janvier
de mon silence
a fait ses valises
et il est reparti
sans un mot

1.2.15

Le texte que je n'ai pas envoyé

Aujourd’hui, je vais tâcher de faire un portrait de l’oubli…
Samuel porte son oubli comme une armure, une protection contre les ravages du temps sur son vieux cœur. Cela fait déjà assez longtemps qu’il ne pense plus à sa douce Anna. L’amour l’avait gravée sur son cœur, mais le temps impitoyable l’abîma, et le portrait gravé sur la petite âme de Samuel devient de plus en plus poussiéreux et vague.
Diable…c’est difficile de bien capter l’oubli... peu importe… j’y fonce…
L’homme ne se souvient plus vraiment de la peau de sa femme, peut-être dorée, ni de ses cheveux, sans doute soyeux. Cela fait des décennies qu’il ne nage plus dans cette rivière surprenante, chaude et profonde, qui coulait en elle. Parfois, le matin en se réveillant, il en entend encore un petit égouttement, comme pour le robinet dans la cuisine qui ne se ferme plus complétement.
D’accord…ça avance…
Quand la seule robe qu’il avait gardée d’elle et fourrée sous son traversin perdit son parfum, il ne restait que le coton fade et usé, et alors absolument inutile. Peu à peu, Samuel apprit à ne plus penser à leur joie -  c’était ça le plus difficile - mais sa tête et le temps se rejoignirent pour vaincre les petits restes qui revenaient parfois à la surface, troublant son conscient comme des poissons rouges troublent l’eau quand ils cherchent les miettes de leur petit repas quotidien.
Non, impossible de tout éradiquer, quand même…bon…encore un petit effort…
Un jour, et sans doute bientôt, Samuel n’existera plus, tout comme son Anna, et ils seront enfin réunis quelque part, partageant cet oubli inévitable qu’on appelle l’univers.
Voilà…Tournons alors la page sur eux.