OUATE ET VERRE

OUATE ET VERRE

31.7.11

IL DOTTORE

Pour En vos mots :

Il Dottore par Baldino


Io sono il dottore Conti
Voici tous mes patients d'aujourd'hui :

Signora Alda et son fils
Ont des boutons sur leurs cuisses.

Après, c'est Gina sans soutif.
Elle veut que je débloque son « pif ».

Signor Rossi, qui boit trop,
Bien sûr qu'il a un beau gastro.

La Signorina Parmigianno
Est enceinte, senza ragazzo.

Celle en rouge, Lola Carrell,
Voudra que je la rende plus belle.

Et Don Delucca ? Ce coquin
Vient confirmer tous les potins.

Il fera rire, mon épilogue :
Poiché io sono...gynécologue.

30.7.11

Au chevet du mort

Le mois de juillet 
sera bientôt défunt. 
Appelons le curé, 
qu'il vienne avec 
son crucifix, 
ses prières,
les brûmes 
de son encens, 
et un peu d'eau 
pour arroser 
la fin d'une chaleur, 
et la chasser 
correctement,
comme il faut.

29.7.11

Lu dans le Figaro

La France n'est plus un hexagone.
Les géomètres ont perdu.
Les poètes cachent leur tête,
Par honte d'avoir trahi le patrimoine.
 
À partir de désormais, la France
Sera une tâche de vin sur la nappe,
Un fromage grignoté un peu partout,
La première tarte d'un apprenti distrait,
Une céramique laissée trop longtemps au four.
 
Depuis toujours, cela a été une flaque de peinture
Laissée par la brosse d'un artiste innovateur,
Un berceau où sont nés des héros,
Et des lâches et puis tous les autres au milieu.
Non, la France n'est plus un hexagone,
Mais elle fera bonne figure.

28.7.11

Entre rose et jaune


Entre rose et jaune
Il y a le gris
Gris clair, gris foncé,
Gris nuancé,
Virant sur le blanc
Quittant le noir 
Sur la pointe des pieds.
Après sa crise, il s'endort
Au guet, permettant 
Aux couleurs
De s'entrevoir
Et peut-être de se saluer
D'un petit geste 
Craintif.

27.7.11

CONNE

Pour Un mot. Une image. Une citation :


Manu me tirait fort par le bras. Je courais aussi vite que possible, mais lui était bien plus rapide. Je tombai, criant. Manu s’arrêta, me remit sur mes pieds, et puis recommença à courir. 

Le monde passait, floué par notre vitesse, j’essayais de ne pas trébucher encore et connaître le baiser brûlant du trottoir sur mes genoux.

Enfin, nous arrivâmes devant une vitrine, et Manu me prit encore le bras.

- Regarde, Janine ! il chuchota.
 
Je ne vis rien de particulier, à part des dizaines et des dizaines d’horloges.

- Quoi, Manu, c’est juste de stupides…

- Non ! Regarde ! 

Ce dernier mot était comme un sanglot coincé dans sa gorge. L’émotion que je ne reconnus pas tout de suite me troubla.

- Regarde ! C’est la montre à Papa !  Elle l’a vendue ! Papa me l’a promise quand il est parti, et cette vache l’a vendue !

Je fixai mes yeux sur l’objet. Manu resta silencieux, comme lors d’une punition. Il ne pleurait jamais. Sous le coup de férule, le silence de Manu triompha toujours.

Je ne reconnus pas la montre. Pour moi, Papa était cette figure en noir et blanc sur une vieille photo, souriant à côté d’une jolie femme. Maman eut beau me dire que c’était elle aussi sur la photo, mais je ne la crus pas.  Maman avait des rides, les yeux cernés, des cheveux avec beaucoup de gris. La fille sur la photo n’était pas elle, mais je ne dis rien. J’avais l’impression que cela aussi la fâcherait si je le disais.

- Puisque tu le dis, Manu. Et alors ?

- Alors, rien, petite conne ! hurla Manu et repartit en courant, m’abandonnant devant la vitrine.

Je ne savais pas ce que c’était qu’une conne. J’imaginais que c’était méchant et que si je le répétais à maman, elle se fâcherait.

Frissonnant, je m’assis sur le bord du trottoir, en attendant que mon frère revienne.

25.7.11

Les babysitteuses

Les babysitteuses, juillet 2011 par joye
Dans l'ombre sous l'arbre
Les babysitteuses
Veillent sur leurs enfants
Toutes fières et heureuses
De savoir leur place
Dans ce monde de grâce.

Elles viellent sur leurs enfants
Toutes fières et heureuses
Et sans le savoir
Elles sont bien chanceuses
De savoir leur place
Dans ce monde de grâce.

Elles sont bien chanceuses
De savoir leur place
Et comme des danseuses
Elles vivent, pleine de grâce
Un monde invisible
Pour l'esprit infaillible.

24.7.11

Palombe blanche

Pour En vos mots :

Tableau par André Adamchik



J'étais presque amoureux de la dame au chapeau rouge qui me nourrissait de cerises et de ses sourires.
À son balcon balnéaire, je me balançais dans sa paume, picorant le noyau qui serait noyé après par les vagues vaguement vagues.
La dame au chapeau rouge me caressait l’aile brisée, blanche comme la plage, comme les pages où ses mots grisants et griffonnés reluisaient devant  le jaune de ses cheveux, ses fleurs, son rire rare mais riche.
J'étais son prisonnier. 
À chaque fois qu'elle me libérait, elle savait que je reviendrais.
Non, je ne regrettais jamais ce long parcours, à travers la mer amère, jusqu’au jour où elle n’y venait plus, le jour où notre temps des cerises était fini pour toujours.
Je vendis ma berline à Berlin et à partir de cet horrible jour-là, je m'habillai de rouge, la couleur du deuil.

22.7.11

Mes haïkus pour le Tour de France chez Sebarjo

Photo par joye, 2010, Mt.Pleasant, Iowa
Contre-la-montre

Tic-tac-tic-tac-tic
Tac-tic-tac-tic-tac-tic-tac
Tic-et-tac, et hop !

Ça alors !
Tommy a tout mis
Mais sans cadeau de Cadel,
Schleck aurait ri jaune.

Chaud devant et derrière
La grésille en France
En plein été et bien pire :
Hivert est tombé.

Tube de l'été
Grippé par le Col,
Thor a encore fini fort -
Didn't Mind the Gap.

OUF
Chemin rigoureux
Grimpant jusqu'au col hautain,
Les jambes sont Lourdes.

JOYEUX ANNIVERSAIRE, GILBERT !
Jurgen van de Walle
Crève aux murs de Bretagne :
Il n'aura pas Thor.

ROULEX
Voici la montre.
Mais je n'ai rien contre,
C'est le tic du toc.

Du bon belge
Une fois : Gilbert !
Une fois bis : Gilbert !
PHILIPPE GILBERT !

21.7.11

Exil

C'est bizarre 
cet exil 
qui libère,
On se retrouve
libre 
comme l'air.
Le sable 
ne brûle pas, 
il réchauffe.
Le vent 
ne hurle pas, 
il philosophe.
Et la faim, 
la faim au creux 
de l'âme
Nous rappelle 
qu'un jour, 
elle sera 
une dame.

20.7.11

Libellule

si j'avais des ailes de gaze,
et un corps long et mince,
et des yeux gros comme ça,
je serais libellule

si je savais voler, flotter,
ziguer, zagguer, et vivre
des moustiques
je serais libellule

si mes petits naissaient
dans l'eau, sans moi,
devenant nymphes hideuses
je serais libellule

si je sortais un jour
de ma croûte bizarre
pour m'envoler au-dessus de l'eau
je serais libellule

19.7.11

pensum

Parfois les mots sont juste des mots. Leforestier n'était pas vraiment maxime, après tout.

18.7.11

gammes

bien bon bien beau bien bon ben
coup creux croux cou qui coule
de doux dieux dodu du don
fille férue fait fi fou filou fit foi

grand gond gant gueux grongron
le lait lieu laid lieu loulous
maman ma main mon monde
ni non ni noeud ni nos nounous

17.7.11

LA FAMILLE DU PEINTRE


Pour Mille et Une :
Trouville, La Famille du peintre par François Gall

J’avais le même maillot,
Le même parasol,
La même place assise bien sur le sol,
Le même caramel sur la peau.
Mais nous, on vivait à la campagne.
Et plus coquin que cocagne,
Mon papa n’était pas peintre.
Il sculptait la terre.
Et ma mère n’était pas la mer.
La plage était loin de nos champs
Et le sable mauvais pour les cultures.


Donne-moi mon Roméo...

Pour En vos mots :

Tableau par Eunsel Chun



L’image me rappelle une réplique de Shakespeare qui se trouve dans sa pièce Roméo et Juliette.
Voici ma traduction d’Acte II.iii.20-33.



Viens, douce nuit, viens, nuit qui aime, nuit au front noir
Donne-moi mon Roméo, et quand il mourra
Prends-le et découpe-le en petites étoiles,
Et il rendra si beau le visage du ciel
Que tout le monde sera amoureux de la nuit
Et ne fera pas attention au soleil criard.
Ô, j’ai acheté la maison d’un amour
Mais je n’ai pas encore sa clé, et bien que je sois vendue
Mais pas possédée : ce jour reste aussi fastidieux
Que la veille d’un festival
Pour un enfant impatient qui a des vêtements nouveaux
Mais qui ne peut pas les porter.  Ô voici ma nourrice,
Et elle porte des nouvelles ; et chaque langue qui ne parle
Que le nom de Roméo parle d’une éloquence céleste.

13.7.11

La princesse de Khoulan-Bongawata

On aimait sa grâce, 
son profil fin, 
ses lèvres perlées de rosée du matin, 
sa chevelure bouclée et abondante, 
ses yeux qui luisaient de noblesse et de fierté, 
sa peau pure et fraîche, 
son dos souple,
voici trois mille ans
et elle nous fascine encore.
La princesse de Khoulan-Bongawata 
était immortelle. 
En voici
la preuve.

12.7.11

Aspro ad aspera


Pour maux de têtes
Et tout ce qu'on guette
De maladies perfides
Le Dr Chou
Juste un peu fou
A trouvé stéroïdes
Qui rendent plus jeunes
Plus forts, plus fun,
Plus tout, et même encore !
Le seul pépin,
Si anondin,,,
Ça provoque la mort.

4.7.11

Entraînement

Pour Mille et une :


- Gilbert, chéri, viens ranger ton vélo.
- ...
- Gilbert, viens ranger ton vélo.
- ...
- Gilbert, range ton vélo, s'il te plaît !
- ...
- Gilbert ! Ton vélo !
- ...
- GILBERT ! TU ME RANGES CETTE SACRÉE BÉCANE !!!
- ...
- GILBERT PHILIPPE ! TU ME RANGES CETTE SACRÉE BÉCANE OU JE L'ENVOIE À LA CASSE !!!
- J'arrive maman ! Où veux-tu que je le range ?
- Ben, en tête du peloton, naturellement, mon chéri.

3.7.11

THÉOLOGIE

Pour En vos mots :

Tableau par Nancy Shea







Petite, elle songeait au Paradis. Pour elle, c'était une grande bibliothèque où l'on ne faisait que lire et lire et lire.
Grande, elle apprit que le Paradis n'existe pas.Il n'y a que cette vie. Et elle ne faisait donc que lire et lire et lire.

2.7.11

Ô bout de mon rouleau...


Grâce limpide
Si mal connue,
La beauté pure
Du papier Q !

Aucun liquide
N’y reste imbu,
La sinécure
Du papier Q.

Ô intrépide!
Ô farfelu !
Ô épicure !
Ô papier Q !

Ami splendide
Atteint son but :
Bonne figure,
Le papier Q !