OUATE ET VERRE

OUATE ET VERRE

18.12.09

Pandore



Je pique cette image de chez Berthoise parce que je voulais bien écrire quelque chose là-dessus.


Petite, on t'avait défendu d'ouvrir la boîte.

Petite, tu avais obéi.

Mais grandie, tu avais une volonté indépendante,
Une curiosité avide,
Une soif pour le savoir.
Et tu as ouvert
Ta porte aux passants,
Ton esprit aux idées,
Tes bras à ceux en manque d'amour.

Tu as ouvert la boîte.

Les passants ont piétiné les fleurs devant ta porte.
Les idées t'ont malmenée,
Elles ne t'ont pas rendu heureuse, les idées.
On t'a cassé les bras, plusieurs fois.

On a vidé ta boîte.


Petite, on t'avait défendu d'ouvir la boîte,
Petite, tu as obéi.
Et une fois grandie, grandie vraiment,
Tu te retrouves toute petite, toute petite,

Et tu oublies toujours
Que la boîte ne contient plus rien.


1.12.09

Tables for Ladies

Tables for Ladies by Edward Hopper, 1930

Mettez-les au fond de la salle
Près de la cuisine
Ou des toilettes
Si elles sont seules ou saoules ou sales

Mettez-les au fond de la salle
Loin du beau monde,
Hors de combat
Si elles sont veuves ou vieilles ou veules

Pas grave si l'on oublie
Ce qu'elles ont commandé,
Croyez-moi
Elles en ont l'habitude

Mettez-les au fond de la salle
Comme il convient
Aux couverts
Uniques
Parlez-leur
Seuls à seules

Mettez-les au fond de la salle
Où l'on garde les
Tables aux dames
Qui ne sont que des femmes.

Phil et Sophie

The Cafeteria, Edward Hopper, 1958

Pour Kaléïdoplumes :


Lui [à lui-même] : Elle me zieute, je sais qu’elle me zieute…je l’attire, je le sais, elle me trouve bien.

Elle [à elle-même] : Comme le disait Kant, l’impératif assertorique représente une action comme nécessaire pour arriver au bonheur…

Lui : Ah oui, elle me lorgne, je sais qu’elle veut de moi, la petite vicieuse habillée comme une pute…

Elle : Et pourtant, il est impossible de juger moralement les actes d’autrui puisqu’il est impossible de connaître la motivation de ces actes…

Lui : Mais c’est encore une de ces allumeuses, celle-là, regarde-moi ça, elle fait semblant de ne pas me voir, mais je sais qu’elle me zieute…

Elle : Et si la maxime n’est pas conforme à l’inconditionnel…

Lui : Ça y est, je sais qu’elle me désire, elle meurt d’envie, qu’est-ce que j’attends pour la baiser là sur la table…

Elle : Après tout, le bonheur n’est qu’une conception empirique et irrationnelle…

Lui [ne pouvant plus, il l'aborde] : Mademoiselle !

Elle [perdue dans sa réflexion] : Et dans la tripartition, qui se décline…

Lui [plus fort] : Mademoiselle !

Elle [qui n’entend toujours pas] : Par contre, Leibniz serait sans doute…

Lui [insistant] : Mademoiselle ! [son courage s'évaporant] Z’auriez pas du feu ?

[Cette fois-ci, elle entend sa voix mais n’a pas compris ce qu’il a dit. Elle reste alors silencieuse et sans le regarder.]

Lui : Bah, qu’est-ce que t’as, t’es sourd-dingue ou quoi , espèce de garce de petite salope ! Pour qui te prends-tu ?!?

[Furieux de dépit, il s’en va.]

Elle [perplexe, mais pas trop, après tout, elle en a l’habitude] : Curieux, celui-là. Un eudémoniste, sans doute aucun.


NDLR : Merci à Wikipedia pour son aide catégorique et impérative en ce qui concerne les répliques de Sophie...

7.11.09

Sous la lune

Pour le Défi du samedi :

Sous la lune
quelques-unes
De mes pensées se défont
Elles m'échappent
Elles se drapent
Dans leurs manteaux de saison

C’est vrai, j’avais toujours imaginé qu'elles termineraient leurs courses derrière cette porte secrète au bout d’un jardin qui appartenait à cet inconnu dont je rêvais, lui qui serait un jour à moi, mais je ne pouvais pas en être sûre. Je volais des moments dans mes journées bien chargées, essayant vainement de savoir comment procurer la clé qui m’ouvrirait cette porte. Parfois, je me disais que c’était le secret du bonheur. Parfois je me disais que c’était tout simplement l’amour. Lors des jours de chagrin, j’étais convaincue qu’il ne s’y trouvait rien ; il suffisait d’un simple rayon de soleil le matin au coin de ma fenêtre pour me convaincre qu’il s’y trouvait les émeraudes d’une grande fortune égarée. Tout ce qu’il me fallait, ces jours-là, c’était la clé qui m’ouvrirait cette porte. Parce que je savais que si je n’arrivais jamais à trouver la porte, la porte et l’inconnu me trouveraient.

Le temps passa. Je grandis. Peu à peu, j’oubliai la porte. Et l’inconnu. De temps à autre, j’y pensais, mais en riant, parce que je savais que ce n’était qu’une lubie de gamine. La vie est rigoureuse pour ses apprentis. Peu à peu, je me rendis compte que le vrai bonheur n’existait pas. Et que même s’il existait, ce n’était pas mon destin d’être heureuse. J’acceptai.


C’était un jour comme un autre quand je le connus. Pas comme dans les histoires d’amour, où la héroïne s’évanouit et se réveille aux bras d’un bel homme au regard tendre. Il n’était ni beau, ni tendre. Au contraire, c’était un homme brutal, comme je découvris la nuit des noces. Comme il me le rappelait jour après jour après satané jour. Des insultes. Suivie par des gifles. Qui devinrent des coups. Qui devinrent, eux, des raclées. Des raclées qui devinrent une correction. Un œil au beurre noir. Deux côtes cassées. Trois nuits à l’hosto.


J’oublie combien de temps passa ainsi. Je ne sais pas pourquoi personne ne demanda jamais d’où venaient mes bleus ou mes fractures, mes chutes invraisemblables, des brûlures répugnantes. Moi, je ne pensai pas à les expliquer. Je sais que le personnel aux urgences me connaissaient de vue et de nom. Mais c’était clair que tout le monde s’en foutait. La vie est rigoureuse pour ses apprentis.


Lentement, je réussis quand même à ne plus provoquer les plus grosses rages. Lui les garda alors pour les jours de fête. Mais c’est vrai que le ménage était souvent en fête. Je ne sais plus comment ni pourquoi, mais je pris l’habitude d’écrire un peu chaque jour. Pour une raison quelconque, mettre quelques mots sur une page d’un de mes vieux cahiers avec un Bic ancien soulagea la douleur lourde qui m’accompagna. Il rendait moins fort le bourdonnement constant dans mes oreilles.


Un jour, je regardais un peu les pages de mon cahier. C’était d’un cours de français l’année où j’entrai en troisième. Je ne me souvenais plus du nom du prof qui nous avait expliqué ce que c’était qu’un haïku et qui nous encouragea alors d’en faire. Je regardai un peu la page vide où j’aurais dû commettre un poème. Elle était encore vide. Soudain, mon stylo gratta rapidement trois lignes, automatiquement, comme si j’avais toujours connu ces mots. Devant mes yeux étonnés, je vis :


Lune qui danse

Parmi les beaux nuages :

Curieux hasard.


Je restai bouche-bée devant la page. Moi, j’écrivis un haïku ? Non, c’était une erreur, je me trompai. Ce n’était pas moi qui venais d’écrire ces mots.


Je me concentrais trop fort. Erreur. Je n’entendis pas la porte rouge au fond du jardin qui claqua, ni les pas titubants sur l’escalier. Je ne sentis pas son odeur, je ne m’aperçus pas de sa présence avant que sa grosse main dure m’ait saisie par le cou pour me jeter par terre comme un vieux chiffon déchiré. La danse alla commencer, ne manquait que sa musique. Mais le chef d’orchestre resta à son tour figé devant ma page.


- C’est quoi cette merde ? hurla-t-il. Il passa deux moments à fixer difficilement la page.


Deux minutes passèrent dans le silence total. Et puis il commença à rire. À hurler comme un vent hivernal et vicieux. Et ensuite commença la musique. Avant la dernière mesure, il prit le vieux cahier et le déchira en petits morceaux, laissant son partenaire immobile sur le plancher joliment décoré par les confettis et le sang. Il fallut six mois avant de pouvoir tenir un stylo dans mes doigts cassés.


Mais je sais maintenant ce qui se trouve derrière cette porte rouge au fond du jardin. Un cadavre qui porte un vieux stylo Bic foncé foncé dans une des jugulaires.


Curieux hasard.


Car ce soir, la lune dansera bien parmi les beaux nuages.


Que deviennent
Mes poèmes
Quand ils prennent l'horizon
Où partent
Toutes ces cartes
Qui se décrochent de mes cloisons
Certaines
Me reviennent
Un peu plus troublées que de raison



3.11.09

Berliner Mauer

Pour Kaléïdoplumes :

Etwas dort ist, das nicht eine Mauer liebt… – Robert Frost

Ce jour-là, j’avais cinquante ans. Plusieurs vieux fantômes de mon enfance violacée, violée, violentée, passaient sous l’arche, dont le plus beau, celui de Gretchen. Elle portait encore le petit panier sous son bras, avec tous ce qu’elle possédait au monde. Une fortune, étant donné qu’en 1945, tout ce qui lui restait était son petit corps lui-même, habillé de souille et de guenilles.

Je la connus dans l’orphelinat, un grand bâtiment hâtivement érigé par des ouvriers de la Croix Rouge. Pendant longtemps, c’était un des seuls édifices intacts de la région. Ma Gretchen n’était qu’un petit squelette, les arêtes d’un poisson qui n’avait retenu que sa tête, ses gros yeux, sa bouche qui ouvrait et fermait silencieusement. Elle serrait férocement un petit panier contre sa poitrine. Je devins immédiatement son protecteur. Je lui procurais des bouts de pain et des biscuits supplémentaires, qu’elle grignotait en me regardant de ses gros yeux bleus. Je la protégeais contre les voleurs, les rôdeurs, les petits gangsters ados qui restaient à l’asile, avant de disparaître aussi mystérieusement qu’ils étaient arrivés.

Le hasard – ou bien, la chance – voulut que nous soyons adoptés le même jour. Moi, c’était ma tante Helga dont je gardais un vague souvenir. Je ne la reconnus pas, c’était déjà une vieille dame courbée sous les horreurs de la guerre, mais elle avait les mêmes yeux que ma mère. Je reconnus un peu l’ancienne mélodie de sa voix lorsqu’elle me prononça « Kommst du mit, Helmut ? » Ce fut un petit homme moustachu qui vint chercher Gretchen. Je le détestai immédiatement, il souriait trop grand, il lui manquait des dents. Je hurlai quand Gretchen mit sa petite main dans la sienne et me tourna le dos, muette. Sans une larme.

Le jour de mes dix-neuf ans, je la revis, assise sur un banc, en train de lire. Je vis le petit panier à côté d’elle. Je l’abordai. Elle me regarda avec les mêmes yeux, bleus et clairs. Lentement, j’y vis un reflet de souvenir. Je ne me souviens plus très bien des mois qui suivirent. Quand je pense à cette époque-là, tout ce qui me revient c’est le son rare de ses rires, ses gros yeux bleus, une vague fragrance de Kirschwasser.

Un jour, elle m’annonça qu’elle devait retourner chez elle pour soigner son beau-père mourant, le moustachu qui l’avait choisie. Je sus que ce fut un ancien collègue de son papa qui avait promis de la retrouver. Je n’y pensai pas deux fois, il me semblait normal qu’elle y aille, je lui dis qu’on se retrouverait dans quelques jours.

On ferma définitivement le mur une semaine après son départ.

Néanmoins, on arrivait à s’écrire de temps à autre. C’était défendu, mais on trouva des moyens. Et un jour, elle me dit qu’elle allait me revenir, qu’il y avait des guides dont le travail était de conduire des gens à travers le mur, qu’elle utiliserait son maigre héritage pour acheter sa liberté.

C’est en l’attendant cette nuit-là dans l’obscurité que j’entendis les coups de feu des sentinelles francs-tireurs.

Le jour de mes cinquante ans, je la revis enfin.

30.10.09

La Petite sauvage



Il était une fois une plume:
elle s'appelait Anna Pavlova.
Une Mort du Cygne résume,
Cette vie d'une supernova.

Un grand génie qui innova
Ses bourrées comme des perles
Liquides, son corps se lova
Comme le plus blanc des merles.

Quand ce beau drapeau déferla,
La dernière larme, son écoulement -
Plié, jeté, fouetté - s'emperla,
Joua la dernière mesure doucement.

20.10.09

SNIF !

Pour Kaléïdoplumes :

Un beau jour, quand j’avais dix ans, je suis tombée raide-morte amoureuse.
Il s’appelait Stan.

Oh, j’étais heureuse !
Il m’a offert des pralines et j’ai crié « Sublimes ! »

Il m’a fait des chatouilles et j’ai hurlé « Oh, Ouille ! »
Il m’a jeté des confettis et j’ai soupiré « Oui ! »

Un bon soir, quand j’étais enfin moins jeune, Stan m’a emmenée danser, quel fun !

Or, au milieu de la première arabesque, il m’a lâchée… presque, mais pas avant d’attraper le pan de ma robe dans son talon.

Et depuis, mon cul n’est plus un secret pour personne, dit-on.

Sacré malfrat !
Il a ri, le gros rat, et n’a jamais pensé à se repentir.

Eh oui, voilà comment j’ai perdu l’odorat.

Depuis ce soir-là, j’peux plus le sentir.

17.10.09

SOPHIE

The Girl in the Mirror, Norman Rockwell, 1954


Pour les Défiants du samedi :


Delphine se regarda dans le miroir, les mots de François brûlant encore ses oreilles.

- T’es qu’une pitchoune, lui cria-t-il avant de repartir avec ses copains qui venaient d’arriver.

Une pitchoune !

Ses joues redevenaient écarlates au souvenir de l’insulte hurlée et à celui du traitre abandon.

Une pitchoune !

Quand deux minutes avant l’arrivée de ses copains, Delphine discutait comme une grande avec François qui lui sourirait en parlant.

Pitchoune !

- Je vais lui montrer, Sophie, tu verras, dit-elle à la poupée, jetée avec fureur par terre à l’arrivée de sa maman. Je ne suis pas qu’une pitchoune. Je suis…une femme.

Delphine se regarda dans le miroir, les mots de François brûlant encore ses oreilles.

L'arène

Un texte pour les Kaléïdoplumes

Un rocher
Quatre vents
Sept océans
.
Quatre
Virgule
Cinquante-cinq
Milliards d'années
.
.
Sept virgule cinq
Milliards
De milliards
De grains de sable
.
.
.
Un
Seul
Grand
Sablier

3.10.09

Concupiscence

Elle était
ronde et chaude,
liquide
sous mes doigts
et j'avais un mal fou
à la faire sortir de sa robe

mais, enfin,
enfin,
elle a cédé
comme toutes les autres.




6.9.09

Moi, ça va si tu m'oublies (chanson manquée)

Moi, ça va si tu m'oublies
Ça se comprend
Car c'est fou tout ce temps
Que ça prend, une amitié
Et c'est vrai que par moments
Le monde est trop, bien trop prenant
Mais si tu ne veux pas me dire au revoir
Ne pars pas.

La vie peut exiger
des silences (des violences)
Car c'est fou tout ce temps
Que j'attends un mot de toi
Et si c'est vrai que par moment
Je ne vois plus passer le temps
Je veux pas que tu me dises au revoir.
Ne pars pas.

Juste un mot pour dire
Salut, ça va, je pense à toi
Juste un petit sourire...
Ne laisse pas mourir
Tous nos instants, toute notre joie
Ne laisse pas mourir
Notre toi-et-moi

Tu vois, je t'ai menti
Je n'oublie rien, je n'oublie pas
Car c'est fou ces souvenirs
Que j'ai de toi
Et le temps qu'il me fallait
Pour te le dire, tu es parti
Et ça, sans vouloir me dire
Au revoir.

14.7.09

But of all these friends and lovers...



There is no one compares with you
And these memories lose their meaning
When I think of love as something new... (Beatles)

9.7.09

Petite histoire piquante

Pour Kaléïdoplumes, Consigne n° 80

À la mise de retraite d’un bonhomme de neige

Deux hérissons partirent pour trinquer l’inconnu
Car eux dormaient l’hiver pendant qu’il travaillait.
Tout de même, ils s’habillèrent de leurs costumes noir-beige
Rien que pour la coupe de champagne, imbu,
Portant le paquet d’insectes-cadeau surfait.
À peine réveillés de leur sieste hivernale
Ils prirent l’autoroute, le sommeil encore aux yeux
Et en dépit des folies des autocars touristes,
Ils arrivèrent, négociant la circulation infernale.
Hélas, leurs vœux étaient si chaleureux
Que, fissa, le bonhomme de neige fonda ! Et, tristes,
Nos deux hérissons grignotèrent leur propre cadeau
(cela aurait été bête de gaspiller !) au bord de la route.
Ils se firent tantôt éclabousser par une petite Clio
Et Monsieur, levant son poing pour maudire ce saligaud,
Se fit écraser en pleine casse-croûte !
Et puis, Madame, ahurie, connut pareil d’une Twingo.

Moralité :

Le bonheur, éphémère, finira en défaite
Si vous le remettez jusqu’à la retraite :
Piquez-vous donc d’en boire, et cela, d’une seule traite.

1.7.09

Dieu, y es-tu ?


Pensum

Le roi des cons a tout plein de sujets loyaux.

30.6.09

Encouragements

Mais non, tu n'écris pas comme un pied, non, je t'assure ! Comme un gros orteil, à la limite, mais bon, c'est déjà pas la même chose que d'écrire comme un pied entier, non. Allez, non, vraiment...
Mais pourquoi tu pleures ???

25.6.09

Les consignes indignes

Tu m’imposes des chiffres

(nom d’un fifre !!)

Moi, sous-fifre,

Je m’empiffre,

Donc, maintenant : Déchiffre !

24.6.09

Panne

Défi n° 66 Chez le Défi du samedi :

Un.

Il y a comme un éclair, un petit couic !

Deux.

La lumière, tenace, revient pour nous rassurer.

Trois.

Elle repart. Définitivement, cette fois-ci.

Quatre.

On attend. Un peu. Non, la lumière ne revient pas.

Cinq.

Appel chez la société d’Électrification Rurale.

Six.

Oui, ils sont – excusez l’expression – au courant.

Sept.

Allez, faut sortir la génératrice, pas question que les animaux meurent de chaleur.

Huit.

Le tracteur assure, ronron, il fait son boulot, que ce soit labourer les champs ou illuminer la ferme.

Neuf.

Tentative de rétablissement, oui, tout revient au normal, on rentre le 4020 au garage.

Dix.

Il y a comme un éclair, et puis un petit couic !

Bzzzzzzzzzzzz

Kaléïdoplumes, consigne n° 78 : La sieste

Manifeste
De sieste
Céleste :

Une immodeste,
Deux vieux funestes,
Trois gars agrestes,
Quatre filles (des pestes !),
Cinq mousquetaires en soubrevestes,
Six auteurs de palimpseste,
Et de l’Afrique, sept gros dermestes

Qui vrombissent tant, que, sans conteste,
On les écrase d’une belle main preste
Comme celle d’Obama, mettant du zeste !
Qui ne serait souvent si leste
Avec les journalistes qui pestent
Pour raconter ses faits et gestes

Mais là, je rêve ! ‘y a rien qui reste
De ma petite sieste modeste.

16.6.09

Rover's Blog

Pour les Kaléïdoplumes, consigne n° 77

Hallo, ici Rover, le Chienricain. Bienvenue sur mon blog !

1er juin : Départ Paris : C'est terriblement chouette, mon blog-clebs-ami Médor m'a invité à venir lui rendre visite à Paris et j'y vais ! Oui, terrible, mais je viens de savoir que je dois voyager dans un compartiment spécial, loin des gens dans l'avion. C'est un exemple horrible de caninophobie, on est quand même pas très avancé dans ce bas monde, même si on a un First-Dog noir à la Maison Blanche ces jours-ci, il y a toujours du chemin à faire. Alors bon, faut que je file !!! À la prochaine.

2 juin : En route : Bah dis donc, j'ai appris un truc ! En prenant Air France depuis JFK, j'ai vu que les chiens avaient droit à des sièges, juste comme les gens ! Tiens, je crois bien que je vais aimer la France et les Français !!!

3 juin : Arrivée Paris : Médor est venu me chercher à Charles Dog-aulle, un très chouette aéroport. On est allé s'établir à sa niche chez lui. Mais quel pays, la France ! Il y a des chiens partout ! Au resto ! Je n'en reviens pas !!! Et dans les sacs de dames, même ! Waouh-ouh-ouh-ouh ! Médor m'a dit « T'as rien vu encore ! » et il avait raison ! Soirée téle. Saviez-vous qu'ils ont même une émission qui s'appelle 30 MILLIONS D'AMIS dont les vedettes sont des chiens ?!? Ah oui ! Terrible ! Oui, bon mon papy m'avait raconté un truc ringard du temps où on avait Lassie à la téloche ricaine, mais bon... Je pense bien que les Français ont beaucoup plus de culture que nous, non mais !!!

4 juin : Promenade Paris : Ah, c'est la joie, ici, sauf que je suis tombé sur un os ! Le même vieux problème qu'ont tous les touristes...OÙ SONT LES TOILETTES ? Je cherchais ci et là, je ne retrouvais pas de bouche d'incendie comme on a ici aux Huesses ! Mais que faire ?!? Médor a remarqué mon trouble et m'a demandé ce qui n'allait pas. Je lui ai expliqué, et il a dit « Rhô, mon vieux, tu es en France ! Le règlement est différent ! Alors, oui, je comprends que tu ne reconnais pas les bouches d'incendie françaises, les tiennes sont comme de petits bonhommes, les nôtres c'est plus comme un robot...bien plus chic, tu vois ?

Pendant que j'admirais le look (Ah, ces Français, ils sont si élégants !) Médor m'a encore expliqué :

« Ben, tu sais, ici, cher Rover, on fait pipi sur les lampadaires ! » « Les lampadaires ? Mais qu'est-ce ? » Et Médor dit, « Tiens, attends, tu vas voir un truc. »

Et trot, trot, trot, il m'emmène dans un lieu fabuleux ! Alors, là, mes amis !!! Eh ben, moi, je dis : « VIVE LA FRANCE !!! »


À très bientôt, chers amis blogchiens ! Et maintenant, vous m'excuserez, j'en ai pour un petit moment...

14.6.09

ATTRITION

Défi n°65 chez les Défis du Samedi : Écrire un texte avec l'incipit :

Au moment où le réveil a sonné, j'ai regretté d'avoir accepté ce voyage.



ATTRITION


Au moment où le réveil a sonné, j'ai regretté d'avoir accepté ce voyage.

Au moment où le réveil a sonné, j'ai regretté d'avoir accepté.

Au moment où le réveil a sonné, j'ai regretté.

Au moment où le réveil a sonné,

Au moment.


Comme ça, je m’en allais vers un autre pays, où je ne connaissais personne, loin de tout.

Comme ça. je m’en allais vers un autre pays, où je ne connaissais personne.

Comme ça, je m’en allais vers un autre pays.

Comme ça, je m’en allais.

Comme ça.


Éperdument, je t’avais demandé de m’accompagner, mais sans une larme, tu m’as refusé.

Éperdument, je t’avais demandé de m’accompagner, mais sans une larme.

Éperdument, je t’avais demandé de m’accompagner.

Éperdument, je t’avais demandé.

Éperdument.


Et voilà que nous avons enterré tout notre amour, notre vie à deux, notre passion.

Et voilà que nous avons enterré tout notre amour, notre vie à deux.

Et voilà que nous avons enterré tout notre amour.

Et voilà que nous avons enterré tout.

Et voilà.


C’est ainsi que j’ai appris à vivre ma vie jour par jour, moment par moment.

C’est ainsi que j’ai appris à vivre ma vie.

C’est ainsi que j’ai appris à vivre.

C’est ainsi que j’ai appris.

C’est ainsi.


10.6.09

Le frère que je n'ai pas eu

Pour Kaléïdoplumes, consigne n° 76 :

Le frère

que je n'ai pas eu
a sans doute
des yeux bleus
comme les vôtres.

Il est intelligent
et travailleur comme vous.

Mais le frère
que je n'ai pas eu
n'aime pas la chasse
comme vous l'aimez.

Ni le sport, ni la bière,
ni les blagues crades.
Il ne vote pas à droite.

Il aime les livres, l'art,
la musique, la politique,
la philosophie, la cuisine.
Il parle plusieurs langues,
et il voyage beaucoup.

C'est un complice,
un confident,
un ami fidèle
qui aime beaucoup
sa petite soeur.

Le frère
que je n'ai pas eu,
mes frères,
c'est moi,
votre soeur.

New York Movie par Edward Hopper, 1939.


8.6.09

La Fille de Bartholdi


Pour la consigne n°74 des Kaléïdoplumes : Quand les statues se lâchent !

Ah, que cela fait du bien de baisser le bras et de m'asseoir un moment. C'est un sacré travail d'illuminer le monde, et difficile de trouver un moment où personne ne regarde. New York, c'est bien la ville qui ne s'endort jamais, mais souvent, entre trois et quatre heures du matin, surtout lorsqu'il fait très sombre - les nuits sans lune - j'ai le luxe de respirer un peu. On oublie que je suis une vieille femme, 123 balais, c'est pas rien. Ouille ! Faudra bien que je me repose, à partir du 4 juillet cette année, on va recommencer à admettre ces gens qui grimperont à mon intérieur tous les jours, si tu savais comme ça chatouille ! Mais bon, c'est vrai que j'ai eu bien du repos depuis le onze-neuf, il est temps que les gens oublient leur peur ! Oui, je regrette que ma robe soit devenue verte, la couleur ne me va pas bien ! Si tu avais pu me voir quand j'étais jeune et lumineuse et cuivrée, ah oui, j'étais sensationnelle ! Bah oui, c'était Tonton Viollet-le-Duc qui a choisi le cuivre de ma roble ! Ah, tu ne savais pas ? Bah oui, c'était lui. Et cousin Eiffel qui a fait mon intérieur ! Ah oui ! Ah les souvenirs ! Et puis, tu t'imagines le voyage depuis Paris ?!? Qu'est-ce que j'avais le mal de mer, incroyable ! Ah oui, c'est vrai que pour plusieurs, je ne suis qu'une statue. J'aimerais bien qu'ils essaient de respirer un peu sans moi, noméo ! Ah oui, merci, un café, ce ne serait pas de refus, et puis, zoum ! Faudra que je me remette, je vois bien des phares à l'autre bout du pont de Brooklyn. Qui ? Ah oui, ma copine, la traversière qui fait continuellement son va-et-vient entre Manhattan et Staten Island ? Bah oui, on peut lui faire confiance, c'est une discrète, je t'assure ! Pardon ? Un bisou ? Ah oui, embrasse-moi, serre-moi sur ton coeur, oui, cela nous fera du bien à tous deux. Allez, oui, j'y vais. Passe-moi ma torche, tu veux bien ? Merci ! Allez, zou, ma belle, t'as à faire, toi aussi. À la prochaine !

Bon chic, bon genre

Consigne n°75 chez Kaléïdoplumes (commencer par Puisqu'il faut que la vie soit ainsi, et incorporer les mots : géomètre, jupons, Huron, pamplemousse)

Puisqu’il faut que la vie soit ainsi,
Tu es garçon et je suis fille.

Tu rêvasses devant chaque fenêtre
Et je bosse comme un géomètre !

Tu donnes toujours ta langue au chat
Et je plaide comme un avocat !

Tu voudrais voir sous les jupons
Et je voudrais voir... le Lac Huron !

Car justement, le jeu de dupe
Est la question qui m'préoccupe :

Je veux savoir pourquoi, comment
Pamplemousse en français (quel tourment !)

Est masculin pour les sémanticiens
Mais féminin pour les Académiciens ?

Ceux-ci ont-ils, comme Alain Souchon,
Regardé sous ses petits jupons ?

17.5.09

Champfleury

Pour le Défi du samedi, n° 61


Champfleury, le 17mai 2009

Chère Madame,

J’ai bien reçu votre lettre du 15 mai. Au début, j’étais fort étonnée de savoir que mon nom et mon adresse figuraient dans son agenda, et puis je me suis rendu compte que ce n’était pas, finalement, si étonnant que cela.

Je n’ai jamais fait la connaissance de madame Icks. Et pourtant, c’était elle qui a ruiné ma vie.

J’étais jeune épouse, éperdument heureuse. J’attendais notre premier enfant le jour où la voiture de madame Icks m’a écrasée. Un accident, vous vous direz, et moi aussi, (et le tribunal aussi) les longs mois que j’ai passés, paralysée, au lit. Inutile bien sûr de vous préciser que j’ai perdu l’enfant que je portais.

Ce n’était que deux ou trois ans après mon rétablissement – si marcher difficilement avec des cannes peut s’appeler un rétablissement – que j’ai su que mon mari menait, depuis l’accident, une aventure avec quelqu’un d’autre. Lorsque je lui ai demandé s’il voulait sa liberté, il n’a pas hésité deux secondes à m’avouer qu’il était tombé amoureux de l’autre femme, celle qui lui donnerait enfin l’enfant qu’il avait tant souhaité et que je ne pouvais plus lui offrir à cause de l’accident.

Je l’ai laissé partir. Oui, je l’aimais encore, comment pouvais-je lui priver de son bonheur ? Enfin, une de mes amies, un collègue de mon mari – mon ex-mari, plutôt – m’a expliqué qu’il ne m’a pas quittée pour n’importe qui, mais bien pour madame Icks ! Ah oui, j’imagine que l’ironie de la situation ne vous échappe pas.

Mais ce n’est pas tout. Madame Icks a dépensé tout l’argent qu’avait mon mari, et l’a quitté le jour où il n’avait plus un sou. Elle a aussi délaissé l’enfant, en leur faisant savoir que ni le gamin ni son père ne portaient plus aucun intérêt pour elle. Mon Jacot et son enfant sont venus me voir, Jacot me suppliait de le reprendre, et je l’ai fait, peut-être moins pour lui que pour les beaux yeux de son enfant qu’il avait fait avec ce monstre.

Hélas, Jacot est mort trois mois après, dissipé par l’alcool qui a pu tuer ce qui restait de lui. Moi, je m’occupais de l’enfant et le jour de ses seize ans, madame Icks a envoyé deux gros voyous chez moi pour le chercher.. Légalement, elle avait le droit. Elle avait aussi droit à l’argent que son père lui a légué. L’argent que ma mère m’a confié le jour de mon mariage. L’argent que j’avais soigneusement gardé en espérant qu’un jour que l’enfant de Jacot et moi irions aux États-Unis ensemble…l’argent que j’avais enfin donné à Jacot parce qu’il s’inquiétait pour les études du petit…

Vous vous demanderez sans doute ce qui est arrivé à l’enfant. Je ne sais pas. Il n’est jamais revenu me voir. Cela me semble clair, s’il est encore en vie, qu’il a coupé tout lien avec sa soi-disante mère.

J’espère que les autres figurants dans la vie de la glorieuse madame Icks vous apprendront que cette femme avait quelque brin de décence, mais cela me surprendrait. Qu’elle meure toute seule me semble digne de la vie qu’elle a vécue et aussi de celles qu’elle a ruinées.

Je n’ai plus que quelques mois à vivre. Je ne souhaite que cette femme n’ait pas pu vous duper ou vous impliquer dans une dernière sale affaire.

Si cela se trouve, j’espère que vous pourrez vous extriquer de ces griffes qui seraient capables de vous étrangler, même depuis sa tombe.

Cordialement,

Alice Lafontaine

16.5.09

Acidité

Pour les Défis du samedi, consigne n° 60 :


Il faisait beau, ce jour-là, il y a quatre ans. Ce jour-là, Majid avait pris un seau rempli d’acide et il l’a versé sur la tête de la belle Amenah, la fière, celle qui avait refusé de l’épouser, la garce !

Ce jour-là, le corps d’Amenah s’est mis enfin à fondre devant les demandes de l’homme qui la désirait.

L’acide a rageusement rongé ses jolis yeux noirs. Il a fait liquéfier son beau visage. Il a transformé la jeune femme en noix de beurre amer – aveugle et cicatrisé.

Voilà comment Majid et l’acide ont cherché à l’embraser, enfin.

- Je n’ai rien fait de mal ! a-t-il protesté encore, tout en se moquant acerbement de la « hideuse » lors du procès.

Mais la loi du talion précise autrement.

La loi du talion dit un œil pour un œil, un corrosif pour un corrosif.

Et parce qu’un homme vaut deux femmes, Majid perdra ses deux yeux. Le tribunal l'a condamné à recevoir dix gouttes d'acide sulphurique dans chaque œil.

Amenah, qui avait proposé cette punition, au lieu de l’argent, a demandé au tribunal : « Retirez-lui ses yeux pour qu'il devienne comme moi ».

- Ne vous inquiétez pas. Je saurai lui faire la leçon, susurre l’acide.

9.5.09

L'amour sans gêne


Moi, je suis un pissenlit
Et toi une violette
Et nous vivrons ensemble heureux
Malgré tous ceux qui guettent
Pour voir la couleur de nos peaux
Ou la forme de nos sexes
Souhaitant savoir si nous deux sommes
Concaves ou bien convexes !
C'est pas c'qu'il faut pour nous aimer
Pour nous conter fleurette
Car moi, je suis un pissenlit
Et toi une violette

28.4.09

Conseil à un jeune

Si tu dois aimer une femme, aime-la pour ce qu'elle a entre les oreilles et pas pour ce qu'elle a sous sa chemise.

5.3.09

Deuil

Souris et ris lorsque tu te souviens de moi. Pleure s’il le faut, mais ne pleure pas pour moi, pleure parce que pleurer fait guérir…bois un coup à ma mémoire ; non, tiens, bois-en deux. Et puis, prends mes cendres, mets-les dans un sac troué et va te promener partout sur la colline qui appartenait à ma grand-mère, là, où je jouais lorsque j’étais enfant. Laisse-moi jouer à tout jamais, là où je ne savais pas que les gens souffraient comme je le sais maintenant. Laisse-moi retrouver le lieu où j’étais au chaud, bien nourrie, aimée et respectée, là où j’étais sûre que tout le monde connaissait la même sorte de vie que c’était mon privilège de mener.

( - Adapté et traduit d’un texte en anglais par Kathleen Williams)

20.2.09

Joueurs dans la comédie

« L'espoir est une mémoire qui désire, le souvenir est une mémoire qui a joui. Quelle belle vie dans la vie nous fait ainsi la pensée... » -- Honoré de Balzac

Honorés,
Nous voici,
Joueurs dans la comédie.

Jouisseurs,
Ça aussi,
Frôlant donc la tragédie.

Pleins d'espoir,
De folie,
Souvenirs de l'amnésie

Inhumaine
Perfidie,
Désir qui nous calomnie.

Déshonorés,
Nous voici
Répétant la litanie

Pleins d'espoir
De folie
Joueurs dans la comédie.



Pour Kaléïdoplumes, Consigne n° 60

11.2.09

Équivoque

Pour Kaléïdoplumes, Consigne n° 59

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre ?
Un grain de sable dans l'œil
D’un dieu distant et froid qui larmoie
Sans trop savoir pourquoi.

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre ?
Une petite fille qui pleure en voyant que
La balançoire est cassée
Sans trop savoir pourquoi.

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre ?
Une paire de sandales oubliées sur la plage
Lorsque la marée chante comme une sirène
Sans trop savoir pourquoi.

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre ?
Rien. Ni grain, ni fille, ni sandales,
Juste perdue dans un univers immuable
Sans trop savoir pourquoi.

22.1.09

Ni vus ni connus

Pour Kaléïdoplumes, consigne n°56 : Bataille rangée avec un bouton d'acné. Pierre-Henri a un bouton et ce soir, c'est la grande fête. Que fait-il ?

Putain ! Un bouton ! Un bouton ? Meeeeeeeeeeeerde, un boooooooooutoooooooon ?

Pierre-Henri s’exécute. Ce soir, c’est la boum le nec plus destroy. Il file chez sa sœur. Normalement, elle est d’une chiante, et le P-H préfère faire semblant d’être enfant unique, mais maintenant, c’est grave. On se ravale lorsqu’il faut, c’est la combine des grands, on avait appris ça l’année dernière au cours de Philo.

Il frappe à la porte de La Gonzesse.

- Ouais ? Sa voix est faible, elle doit être toujours en train de dormir. Pierre-Henri se félicite.

- Dis, Frangine, t’aurais pas de Stridex ?

Silence. Pierre-Henri redouble ses efforts, en parlant un peu plus fort.

- Eh ! T’aurais pas de Stridex ?

- De quoi ?

- DE STRIDEX, NOM D’UNE PLANTE VERTE !

Bonjour la discrétion, se grommèle notre héros. Espèce de pouffe ! Comment se faisait-il que tous ses copains aient des sœurs cools, qu’il soit le seul mal loti de sa classe ?

- Bah, pourquoi tu veux des Stridex, hein ?

Avant que Pierre-Henri ne puisse se sauver, la porte s’ouvre. Une petite brune de dix-huit ans, les cheveux ébouriffés (mais quand même jolis, même Pierre-Henri doit l’admettre) le regarde, une lueur maléfique aux yeux.

- Qu’est-ce que t’as, mon grand, t’aurais pas un bouton, dis ?

C’est dinque ce que les nanas puissent être lourdes, des fois, non ?

Pierre-Henri considère ses choix. Il peut soit se mettre à l’attaque, soit baisser ses armes et profiter de la chaleur féminine qui sortait parfois de ce petit bout de nana aux moments les plus surprenants. Rapidement, il fait son choix. Il capitule.

- Oui, un bouton, c’est chiant, c’est ce soir la méga-teuf chez Britanni, tu te rends compte ? T’aurais pas de Stridex, ma soeurette ?

C’était son jour de chance. La Béa fait sa B.A.

- Minute, murmure-t-elle. La porte se referme.

Cela faisait aux moins dix ans que Pierre-Henri n’avait pas vu l’intérieur de la chambre de sa sœur. Normalement, la curiosité l’aurait piqué, mais maintenant, il y avait des choses plus importantes à considérer. Le Stridex, ferait-il l’affaire ? Pierre-Henri ne croyait pas vraiment aux miracles, mais quand même, toujours un peu aux pubs.

La porte se rouvre. Pierre-Henri voit la main de sa sœur tendue vers lui. Là-dedans gisait le produit convoîté, et aussi un petit bâton.

- Chicos ! crie le gars, soulagé, saissisant le kit, disponsible en grande surface.

- Banane ! Prends l’autre aussi ! rit sa sœur.

- C’est quoi ?

- Bah, c’est du maquillage !

- Du maquillage ?? Eh oh, chuis pas travelo, moi ! Non !

Pierre-Henri s’effarouche et blanchit.

Béatrice ouvre la porte plus grande. Derrière sa sœur, Pierre-Henri s’aperçoit du royaume féminin de sa sœur. Il en reste un peu ébloui.

- Bon, mon grand, je t’explique, dit la fille, sa voix l’apothéose de la compassion fraternelle. Tu te serviras du Stridex maintenant. Cela aidera à le dégonfler, mais ce sera toujours rouge, tu vois ? Alors ce soir, juste avant de partir, tu mets un peu de ceci là-dessus. Et hop ! Ni vu ni connu !

- Sans blague ?

- Sans blague !

- Ça fera pas trop pédé ?

- Bah non, idjot ! Tu penses pas que tous tes héros du ciné en mettent ? Hein ?

Pierre-Henri reste muet devant sa sœur.

Béatrice le regarde, comme si pour la première fois.

16.1.09

Si Dieu était une nana...

Pour Kaléïdoplumes, consigne n°55 : Écrire un texte à partir de cette image :


- Il a l'air fâché, le m'sieu'.
- C'est pas un m'sieu', c'est Dieu.
- Il a l'air fâché, Dieu.
- Mouais. Mais bon, le bleu-vert, c'est pas sa couleur.
- Tu trouves ?
- Ouais, je le verrais bien en rouge, bordé d'un jaune vif.
- Ah bon ? Je l'ai toujours imaginé en pourpre.
- Chais pas, tu trouves pas que le pourpre fasse un tantinet chichi ?
- Ah si, un peu, quand même.
- Bah, tiens ! Si Dieu était une nana ?
- Ben, si c'était une gonzesse, il aurait pas l'air si fâché !
- Tu crois ?
- Ben non, pas trop. Je ne crois pas en Dieu.
- Bah, moi non plus. Voilà sans doute pourquoi il est fâché !
- T'as pas faim, toi ?
- Si, j'ai un petit creux. Si on allait grignoter un truc ?
- D'accord ! On y va !
- Mais Dieu ?
- Mais Dieu quoi ?
- On l'invite ?
- Ben non, il a l'air trop fâché.