LA PETITE FILLE AU SUPER
Elle avait six ou sept ans, tout au plus, la petite aux longs boucles bruns
qui faisait la queue toute seule cet après-midi-là au supermarché.
Quand je lui souris, elle me parla.
- Pardon, pourriez-vous me dire si je peux acheter ces biscuits avec un
dollar et sept centimes ?
- Je ne sais pas, lui répondis-je, en regardant son paquet d'Oreos, mais
je veux bien aller voir au rayon biscuits.
J'étais un peu surprise mais enchantée qu'elle me raccompagne au rayon, tout
en me racontant que son papa lui avait fait entrer au magasin toute seule,
et tout comme il n'y avait pas d'étiquette sur le paquet avec le prix marqué
dessus, elle ne pouvait pas savoir si elle avait assez d'argent. Ses yeux
noirs étaient très sérieux. On sympathisait, en se disant que ce n'était
pas toujours facile de savoir, et qu'il faut souvent bien regarder les prix
affichés sur les étagères pour en être sûres et même lorsqu'on est sûres, on
peut se tromper.
On bavarda entre femmes, quoi.
En arrivant au rayon, j'aperçus tout de suite qu'elle n'avait pas assez
d'argent. J'avais bien l'intention de lui en « prêter » le reste, mais
lorsque je lui annonçai le vrai prix, elle remit vite son paquet, comme s'il
la brûlait.
Je la regardai, et je lui dis, « Hmm, hmm, voyons, qu'est-ce qu'on peut
bien acheter avec un dollar sept centimes ? »
Il y avait un paquet de biscuits similaires, mais d'une marque inconnue.
Leur prix, 99 centimes.
- Tiens, ces biscuits-ci sont presque la même chose, est-ce que ça t'irait
?
Elle me sourit et les prit.
Nous retournâmes à la caisse, je l'invitai à passer devant moi.
Elle dut se mettre en pointe afin de pouvoir mettre tous ses sous sur le
comptoir. La caissière lui expliqua gentiment qu'elle pouvait garder les
pièces et qu'elle allait même en recevoir encore une, la monnaie de son billet.
- Dis-moi, lui fis-je, avant qu'elle ne parte. Tu vas pouvoir manger tous
ces biscuits toi-même ?
- Non, avoua-t-elle en soupirant. J'ai des frères.
(juin 2005)
et voilà le supermarché (et une très jolie nouvelle) - mis dans le livre de christine jeanney le supermarché n'a qu'un rôle d'introduction ds personnages - différent, mais toutes deux dans la vie
RépondreSupprimerOh, j'ai toujours quelque chose à raconter en rentrant. Un jour je hurlais de rire : on avait rangé un jeu de cartes qui s'appelle "Vieille Fille" (Old Maid) à côté d'un paquet de capotes. J'ai expliqué à la caissière pourquoi j'ai ri. ;-)
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