C'est l'heure d'aller réveiller mon Edgar, assoupi sur ses livres tout près du feu mourant. Dehors, les branches du vieux sycomore dénué gratteront contre les carreaux. La pluie, poussée par le vent qui la gronde, fera sa tape-tape-tape nerveuse. De loin, la cloche du beffroi sonnera mornement l'heure.
Je glisserai le long du couloir familier et, comme d'habitude, j'irai mettre une main blanche sur l'épaule de mon amour.
- Virginie, murmurera-t-il, est-ce toi ?
- Oui, mon amour, susurrerai-je, selon notre rite.
Mon souffle éteindra le bout de la bougie qui aura pleuré tard dans la nuit ses chaudes larmes de cire. Et nous irons, tous deux, lui et moi, retrouver notre lit étroit et refroidi, tout comme nous avons fait chaque nuit depuis la nuit de nos noces, depuis cette nuit où je suis morte dans ses bras, voici déjà deux cent soixante ans.
[pour Le Défi du samedi : Écrire un texte fantastique dans le style d'Edgar Allan Poe ou Guy de Maupassant]
Écriture ludique n° 63 : Le principe de cet exercice est de choisir cinq éléments parmi trois listes (personnages, lieux, dates et nombres), et de construire un récit incluant l'ensemble des éléments choisis.
C'était un premier mai,un vendredi peinard. Rien sur mon agenda. De mon bureau, j'entendis arriver l'ascenseur. Drôle, me disais-je, d'habitude on prenait les escaliers. Les trente-troismarches permettaient un moment privé aux employés de ma boîte qui y filaient pour faire de l'exercice, griller une clop' clandestine, ou, encore voler quelques bisoux ou caresses d'une collègue, tout en l'invitant au bar en bas après le boulot, histoire d'entamer une petite 5 à 7, comme on dit. Moi, observateur, je remarquais les joues roses de l'élue, le sourire satisfait du cadre qui passait son mouchoir sur sa bouche, au cas où, en revenant au taf Mais ce jour-là, c'était différent, donc ma surprise d'entendre des voix et des pas dans le couloir. Et puis un bruit. Trop tard, je me rendis compte que c'était le son d'un pistolet. Quand je sus que l'homme, habillé comme unprêtre, que je vis repartir par le balcon était l'assassin, il était déjà trop tard. À mon horreur, la victime, mon patron, un vieux, recteur d'académie, gisait par terre au milieu d'une grande flaque de son propre sang. Naturellement, mon premier instinct me fit vouloir téléphoner aux flics. Mais je savais qu'aucun policierne me prendrait au sérieux, même si je trouvais un moyen de téléphoner. Après tout, je ne suis qu'un pauvre poisson rouge. Je doute très fort qu'on me prenne à ma parole.
Ces pierres, où nous mèneraient-elles Si nous nous leur donnions, Si nous nous promenions Main dans la main sur ces rudes pavés ? Aux ombres rafraichissantes de ces murs, Aux courbes rassurantes de ces chemins, Nos vies feraient une fresque, toujours brillante. Nos moments ensemble feraient une mosaïque Pour nous rappeler la splendeur de notre amour À la terre des dieux, avant que ne vienne le volcan.
Disparu très récemment, Mon Cerveau, pendant que je ne faisais pas attention. Taille : 15 cm Poids : 1400 grammes Répond au sobriquet « Pouffie ». Si vous le voyez, n'essayez pas de l'attraper tout seul. Tél. : 00.00.00.00.00
[Écriture ludique n°66 : Incorporez 10 titres de Jonasz dans un poème sur deux portes]
Vingt-cinq piges dont cinq au cachot C'est ça le blues, changez tout. Derrière deux portes La vie sans mort Ou le cabaret tzigane. À chque saison qui passe Y a rien qui dure toujours.
Derrière deux portes, changez tout. De l'amour qui s'évapore mais Je ne veux pas que tu t'en ailles. En v'là du slow, en v'là Derrière ces deux portes Une voix se fait entendre. Ne changez rien. Changez tout.
Ces 272 kilos de moteurs c'est lourd, un moteur à 865 km à l'heure c'est rapace comme vitesse propulseront les 304 passagers
comme des sardines dans une boîte qui n'ont pas eu le temps de se rendre comptede leur sort entassé avant de se retrouver à nager dans la sauce à moutarde
un maximum de 10.454 kilomètres c'est loin, 10.454 kilomètres à travers la planisphère c'est grand, une planisphère
les 51,9 mètres d'ailes les 61,4 mètres de longueur ne sont rien d'où je te vois à 11.887 mètres
au-dessous de toi je te fais signe de la main que c'est petit, une main quand tu t'en vas dans un Boeing
[Écriture ludique n°54 : Inventer l'origine d'un nom propre devenu un mot courant]
palin, paline [palẽ, -in] adj.
• 2008 ; p.-ê. de Palin, nom de la gouverneure incompétente de l'Alaska élevée à tort à une position intenable par un vioque désespéré qui voulait devenir Président des États-Unis
1♦ Qui montre de l'incompétence, surtout dans une arène politique => palinant.
2♦ Creux. « Les mots palins, mon lapin, feront pâlir les lapereaux... » (Homilie Nopouce, Comptines pour une campagne)
3♦ [Informatique] Se dit d'un logiciel ou d'un robot qui débite continuellement des truismes et qui sert aussi de générateur de lapalissades.
4♦ [Mechanique] Qui clignote absurdement. « Ses yeux palins inquiétaient ses collègues. » (Wellbeck)
Écriture ludique n° 59 : Écrire un texte inspiré par cette photo. Mon texte est inspiré aussi par un roman que j'ai lui il y a longtemps qui s'appelait "Judas, My Brother" par Frank Yerby...
Le miracle était un faux. Tu n’as pas marché sur l’eau. Tu marchais sur la jetée, une qui restait inaperçue par la foule qui a hurlé depuis l’autre côté du bâteau. Ils voulaient tellement le croire. Qui étions-nous pour les désabuser ? Était-ce ma place d'avouer que j’avais toujours fait ce que tu souhaitais, depuis le mariage à Cana, où les autres et moi avons apporté en secret du vin dans de grosses amphores qui ressemblaient tant à celles qui contenaient de l’eau ? Aurais-je dû admettre que nous avions fait venir d'autres pains et d'autres poissons pour nourrir les foules le jour de ton grand sermon ? Était-ce ma responsabilité de révéler que Lazare, ce vieux cinglé qui souffrait des crises, avait été souvent pris pour mort jusqu’à ce qu’il se réveille de ses stupeurs. ? Oui, tout ça avait commencé comme un canular, surtout au début, c'était pour rigoler. C'était pas sérieux. Mais bon, moi aussi, je voulais croire à quelque chose, et partout on voyait le bien que cela faisait. Et je t’ai cru quand tu as dit que tu ne mourrais pas, et que tu reviendrais. Tellement que nous avons caché ton corps brisé retrouvé dans la grotte le lendemain du comble de ta grosse connerie. Mais toi, tu savais mieux que nous autres que le miracle serait un faux.
Écriture ludique n° 3Écrire un texte qui commence par "Tout est Pur pour qui est Pur" et qui se termine par :"aujourd'hui je confesse mes Grâces"
Tout est pur pour qui est pur,nous bourdonnait continuellementSœur Agathe. Nous l’appelions Dablouze, et une de ma bande, Alice, osait le dire à chaque fois encore plus fort. Alice était une petite chipie, certes, mais puisque son papa était riche, la surdité des bonnes sœurs du couvent ne risquaient pas de guérir miraculeusement un soir aux Vêpres.Alors, Alice, dans ses jupes de laine, leurs hauts enroulés plus que permises afin qu'on voie ses cuisses, expliqua-t-elle, jouissait d’une liberté inouïe.
Il n’y avait que le vieux pèreSabertin qui semblait garder une envie de dompter Alice, de lui apprendre qu’elle irait vite à l’Enfer si elle ne se repentait pas vraiment, et sincèrement. Nous avions toutes peur de lui, de sa bouche remplie de dents pointues, de ses lèvres maigres et ascétiques. Toutes sauf Alice, qui, un jour, avait oublié de baisser sa tête lorsque le vieux saint lui faisait ses reproches rancunières. Elle lui regarda droit dans les yeux, et j’aurais juré, en dépit de la mauvaise lumière, que le vieux prêtre rougissait. Et je sais que c’est lui qui avait baissé ses yeux le premier.
Oui, je me souviens très bien de ce soir-là. Après le dîner, Alice avait mis une culotte de dentelle noire qu’elle avait piquée à sa sœur Jackie qui avait presque vingt ans et qui allait avec les grands, comme Alice aimait dire.Ce soir-là Alice est venue nous faire voir comment la culotte lui allait.Elle nous a fait admirer ses deux fesses rondes et roses, caressées par les traces noires de la dentelle. Du devant, elle était moins jolie, à mon avis, mais les autres filles, envieuses de son ventre plat et ses cuisses rondes, ne semblaient pas être d’accord avec moi.
Et puis, comme ça, c’était fini. Alice était revenue quelques heures plus tard de sa mission secrète, ses yeux humides, ses lèvres plus roses et plus larges que d'habitude. J''aperçus au clair de la lune qui filtrait par la fenêtre que où qu’il fût qu'Alice put se rendre ce soir-là, elle avait oublié de rapporter la célèbre culotte en rentrant. Pendant qu’elle se déshabillait silencieusement devant son lit, sur une de ses fesses parfaites, je vis, luisant, dans la lumière froide, une marque obscure et noire, comme une morsure égarée qui faisait pourrir une jolie pêche. Je n’en comprenais rien, et j’étais heureuse de me rendormir, sachant qu’Alice nous raconterait le tout le lendemain matin.
Mais personne ne revit Alice. Même avant la fin des prières matinales, une grande Rolls noire attendait devant la grille du jardin ; cette voiture repartit avec ma copine, celle qu'on sut faire disparaître, miraculeusement, de ce petit monde du couvent.
Sans le mauvais exemple d’Alice, j’appris rapidement à me calmer, à céder à ma douceur naturelle, et je finis par devenir bonne sœur. C’est demain que je fêterai mes vingt-cinq ans de mariage avec Jésus.
La pluie tombait vite, ce soir-là, cette journée magique, le temps d’un rendez-vous rapide, le dernier moment que nous avons pu passer ensemble. Depuis, j’ai eu si souvent envie de te contacter, de te prononcer quelques paroles idiotes, de te demander de me conseiller, de me dire comment vivre ma vie sinistre sans toi, que tu me chuchotes l’astuce qui ferait que je sache vivre sans toi, que tu me rendes ce dernier service.
Ça y est, c'est fini, il rentre de la boum. Pour la dernière fois. Il n'y a plus de veuves, plus d'orphelins, plus de malades à escroquer. Il n'y a plus que la pluie et l'obscurité.
S'il y avait juste un moyen de faire encore gicler les thunes, de faire des miracles, de piller et gaspiller et stocker les perles dans une banque aux Antilles.
Mais non, fini, les toréadors ont achevé le dernier taureau et ils ont mis les chiens à chasser le dernier ours.
Ça y est, c'est fini, rentrons de la boum.
[image (c) Ryan McVay, writing prompt sur About.com]
Il me garde près de lui, je prends de la chaleur de son corps et je luis même dans l'obscurité de sa poche rugueuse. J'aime quand sa main dure me serre, je sens un petit tremblement jusqu'à ce que sa résolution l'arrête. Il m'aguise soigneusement afin que je fasse efficacement mon travail, je me tiens prêt à faire tout ce qu'il veut, y compris une peau. Je le ferai rapidement, il ne me lâchera pas, il m'essuyera quelque part ou me laissera me rafraîchir sous une giclée d'eau froide, le rouge encore chaud se délavant en rose avant que je ne reprenne ma couleur, avant de me remettre dans la sécurité de sa poche, avant que sa main encore me tienne tendrement contre sa cuisse.