OUATE ET VERRE

OUATE ET VERRE

20.1.11

Peut-être jamais, peut-être ce soir

Déjà à l'âge de sept ans, elle se promenait à la plage, des journées entières, écoutant le chuchotement des vagues, taquinant la marée. Elle aimait le sentir du sable sous ses pieds, le parfum du sel de l'eau. Elle aimait à regarder danser les algues jusque sous l'eau.

Un jour quelques années plus tard, lorsqu'elle avait dix ans, elle pensa que la mer étincellait un peu plus que normal quand elle sut que c'était une bouteille. Il y avait quelque chose dedans, et une fois la bouteille repêchée et ouverte, elle vit que c'était un bout de papier sur lequel quelqu'un avait écrit : Quand est-ce que tu viens ?

La fille fourra le message dans sa poche, se demandant si elle devait répondre. Sa mère lui avait bien dit que c'était impoli de ne pas répondre aux messages. 

Elle continua sa promenade. De temps à autre, elle glissa sa main dans sa poche afin de s'assurer que le message était encore là.

Quand est-ce que tu viens ? Quand est-ce que tu viens ?

Ce même été, quelques semaines plus tard, sa mère mourut. Son père, fou de chagrin, décida de quitter le bord de mer et retrouver la grande ville où il était né. Il ne supportait plus la vue ni le son de la mer, cela lui rappelait trop la femme qu'il avait tant aimée.

La fille ne voulait pas croire son père lorsqu'il annonça ses projets. Elle avait peur de la grande ville, elle la connaissait mal. Elle voulait rester près de la mer et donc près de sa mère, ou au moins près de son souvenir. Pendant qu'elle essayait de trouver de bons arguments pour convaincre son père, elle entendait encore et encore retentir dans sa tête : Quand est-ce que tu viens ? Quand est-ce que tu viens ?

Mais elle savait que son père serait inexorable, elle le voyait déjà dans la rigidité de sa bouche. Elle savait qu'il ne changerait pas d'avis, qu'ils partiraient tous deux le lendemain, et que jamais plus elle ne reverrait la mer, ou bien, peut-être, un jour, lorsqu'elle était une vieille dame avec des rides, des cheveux gris, et une bouche rigide.

Elle réfléchit et prit la décision de répondre enfin à la question avant qu'il ne fût trop tard.

3 commentaires:

  1. j'adore cette histoire pour tout ce qu'elle nous laisse de boulot

    RépondreSupprimer
  2. tu écris la suite demain?
    ;-)

    RépondreSupprimer
  3. La suite est dans ta tête, Adrienne, et fidèle au titre.

    Moi, aussi, brige, j'aime ce genre d'histoire où l'on permet au lecteur de la terminer comme il veut, ou qui donne à peser deux choix sans que l'auteur se prononce.

    Merci pour vos com's. ♥

    RépondreSupprimer