Le parfum de ces roses me fera toujours penser à elle, ma puce.
Je sais que je te l'ai déjà racontée mille fois, mais je prends plaisir, comme tu le sais si bien, à me rappeler…
Le matin, lorsqu'elle ouvrait discrètement les volets, je la devinais en train d’étirer les bras. La jeune veuve baillait, soupirait, et peu après, je sentais son café, prêt à boire. J’imaginais la fumée autour de sa tête, ses tendres lèvres posées prudemment au bord du bol.
Quelques minutes après, elle venait fumer une seule cigarette au balcon, calmement, délibérément, avant de commencer vraiment sa journée.
Quelques minutes après, elle venait fumer une seule cigarette au balcon, calmement, délibérément, avant de commencer vraiment sa journée.
Le dimanche, en bas de sa fenêtre, et ensuite sur le même banc en face, j’attendais sentir le parfum de ses cheveux, fraîchement lavés, qu’elle faisait sécher au soleil. Parfois, en les peignant, elle fredonnait légèrement une petite mélodie insouciante.
Dans la fraîcheur exquise du soir, je pouvais encore l’entendre à l’intérieur, parfois chantant, parfois riant. La musique de sa voix s’évadait comme un joyeux réchappé d’un pénitencier, se faufilant et tombant sur mes oreilles avides et solitaires dans l’obscurité. J’aurais volontiers pris leur place auprès d’elle, tout près de cette bouche convoitée…
Chaque soir, le crépuscule s’annonça dans le doux claquement de ses volets.
Mais moi, enveloppé par le velours nocturne, restais toujours encore un peu en bas, à revivre tous ces petits moments de la journée, illuminés de plaisir…
- Et elle était comment, Papy ? murmura la petite fille à mes genoux.
- Je n’en sais rien, ma puce, tu sais bien que je ne l’ai jamais vue.
- Oh, soupira-t-elle, c’était alors après…
- Oui, ma puce, bien après.
Je lui caressais la tête. Ses boucles lisses sous mes doigts faisaient répandre une vieille, douce chaleur dans ma poitrine. J’entendis sa respiration régulière qui me disait qu’elle s’était endormie.
et sans l'amour d'une enfant
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