À la veille de ne jamais partir
du moins n'est-il besoin de faire sa valise
ou de jeter des plans sur le papier,
avec tout le cortège involontaire des oublis
pour le départ encore disponible du lendemain.
Le seul travail, c'est de ne rien faire
à la veille de ne jamais partir.
Quel grand repos de n'avoir même pas de quoi avoir à se reposer !
Grande tranquillité, pour qui ne sait même pas hausser les épaules
devant tout cela, d'avoir pensé le tout
et d'avoir de propos délibéré atteint le rien.
Grande joie de n'avoir pas besoin d'être joyeux,
ainsi qu'une occasion retournée à l'envers.
Que de fois il m'advient de vivre
de la vie végétative de la pensée !
Tout les jours, sine linea,
repos, oui repos...
Grande tranquillité...
Quelle paix, après tant de voyages, physiques et psychiques !
Quel plaisir de regarder les bagages comme si l'on fixait le néant !
Sommeille, âme, sommeille !
Profite, sommeille !
Sommeille !
Il est court, le temps qui te reste ! Sommeille !
C'est la veille de ne plus jamais partir !
-- Fernando Pessoa, Poésies d'Alvaro de Campos
Tu me donnes bien envie de découvrir cet auteur …
RépondreSupprimerMerci Sar@h, j'ai parlé un peu plus de l'auteur ici :
RépondreSupprimerhttp://www.zinc-zinc.com/webzine/index.php?2007/06/27/410-le-gardeur-des-troupeaux-par-fernando-pessoa