Pour Kaléïdoplumes, consigne n°56 : Bataille rangée avec un bouton d'acné. Pierre-Henri a un bouton et ce soir, c'est la grande fête. Que fait-il ?Putain ! Un bouton ! Un bouton ? Meeeeeeeeeeeerde, un boooooooooutoooooooon ?
Pierre-Henri s’exécute. Ce soir, c’est la boum le nec plus destroy. Il file chez sa sœur. Normalement, elle est d’une chiante, et le P-H préfère faire semblant d’être enfant unique, mais maintenant, c’est grave. On se ravale lorsqu’il faut, c’est la combine des grands, on avait appris ça l’année dernière au cours de Philo.
Il frappe à la porte de La Gonzesse.
- Ouais ? Sa voix est faible, elle doit être toujours en train de dormir. Pierre-Henri se félicite.
- Dis, Frangine, t’aurais pas de Stridex ?
Silence. Pierre-Henri redouble ses efforts, en parlant un peu plus fort.
- Eh ! T’aurais pas de Stridex ?
- De quoi ?
- DE STRIDEX, NOM D’UNE PLANTE VERTE !
Bonjour la discrétion, se grommèle notre héros. Espèce de pouffe ! Comment se faisait-il que tous ses copains aient des sœurs cools, qu’il soit le seul mal loti de sa classe ?
- Bah, pourquoi tu veux des Stridex, hein ?
Avant que Pierre-Henri ne puisse se sauver, la porte s’ouvre. Une petite brune de dix-huit ans, les cheveux ébouriffés (mais quand même jolis, même Pierre-Henri doit l’admettre) le regarde, une lueur maléfique aux yeux.
- Qu’est-ce que t’as, mon grand, t’aurais pas un bouton, dis ?
C’est dinque ce que les nanas puissent être lourdes, des fois, non ?
Pierre-Henri considère ses choix. Il peut soit se mettre à l’attaque, soit baisser ses armes et profiter de la chaleur féminine qui sortait parfois de ce petit bout de nana aux moments les plus surprenants. Rapidement, il fait son choix. Il capitule.
- Oui, un bouton, c’est chiant, c’est ce soir la méga-teuf chez Britanni, tu te rends compte ? T’aurais pas de Stridex, ma soeurette ?
C’était son jour de chance. La Béa fait sa B.A.
- Minute, murmure-t-elle. La porte se referme.
Cela faisait aux moins dix ans que Pierre-Henri n’avait pas vu l’intérieur de la chambre de sa sœur. Normalement, la curiosité l’aurait piqué, mais maintenant, il y avait des choses plus importantes à considérer. Le Stridex, ferait-il l’affaire ? Pierre-Henri ne croyait pas vraiment aux miracles, mais quand même, toujours un peu aux pubs.
La porte se rouvre. Pierre-Henri voit la main de sa sœur tendue vers lui. Là-dedans gisait le produit convoîté, et aussi un petit bâton.
- Chicos ! crie le gars, soulagé, saissisant le kit, disponsible en grande surface.
- Banane ! Prends l’autre aussi ! rit sa sœur.
- C’est quoi ?
- Bah, c’est du maquillage !
- Du maquillage ?? Eh oh, chuis pas travelo, moi ! Non !
Pierre-Henri s’effarouche et blanchit.
Béatrice ouvre la porte plus grande. Derrière sa sœur, Pierre-Henri s’aperçoit du royaume féminin de sa sœur. Il en reste un peu ébloui.
- Bon, mon grand, je t’explique, dit la fille, sa voix l’apothéose de la compassion fraternelle. Tu te serviras du Stridex maintenant. Cela aidera à le dégonfler, mais ce sera toujours rouge, tu vois ? Alors ce soir, juste avant de partir, tu mets un peu de ceci là-dessus. Et hop ! Ni vu ni connu !
- Sans blague ?
- Sans blague !
- Ça fera pas trop pédé ?
- Bah non, idjot ! Tu penses pas que tous tes héros du ciné en mettent ? Hein ?
Pierre-Henri reste muet devant sa sœur.
Béatrice le regarde, comme si pour la première fois.