Paris, le 11 novembre 2007
Ma très chère Joye,
C’est avec grand plaisir que j’apprends que tu pars bientôt pour revoir mon pays natal, je sais que tu vas t’y amuser beaucoup. J’aimerais bien le revoir un jour, moi aussi, ça fait déjà un moment !
Tu es une grande voyageuse, et moi aussi ! Bien que nous nous soyons connues pour la première fois à Paris – je me souviens que tu étais choquée de voir que j’étais vraiment très petite – je n’ai pas toujours vécu au Louvre, tu sais. Quand j’ai déménagé en France avec Léonardo, je vivais d’abord à Amboise. Quand le maître est mort, on m’a installée à Fontainebleau. Après, j’étais à Versailles, mais j’avoue que je n’aimais pas le décor là-bas, trop chichiteux pour mes goûts.
Comme tu sais, après la Révolution, je suis allée vivre au Louvre, mais j’ai pu sortir de temps à autre. Napo m’a forcée d’aller vivre chez cette garce de Joséphine aux Tuileries pendant quelques années. J’ai aussi pu retourner brièvement en Italie avec ce voleur de Perugia ! Ah, quel mec !!! Je lui serai toujours reconnaissante de m’avoir entretenue pendant deux ans avant qu’on me renvoie en France. J’étais contente d’avoir ce peu d’amusement après presque 100 ans du même vieux train-train poussiéreux.
Et puis, c’est vrai que pendant la guerre de ’39, on se chargeait de me cacher, d’abord à Amboise. Tu sais, même après toutes ces années, on n’avait pas changé grand-chose dans cette baraque ! J’ai aussi vécu dans une abbaye. Crois-moi que, pour une fois, j’étais contente que mon Léo ne m’ait pas peinte sans vêtements ! Dans cette même période, j’ai aussi dormi sous un lit en Quercy. Oui, bon, entre mon asthme et les moutons de poussière, c’était pas la joie, mais j’étais quand même heureuse de ne pas être obligée d’aller vivre avec ce petit monstre moustachu à Berlin. Je te dis, Joye, c’est fou ce que les hommes peuvent être fous !
Depuis, bon, j’ai vu la Russie et le Japon. C’était drôle d’aller voir New York. Ton Président Kennedy, quel tombeur !!! La blonde qu’il aimait, j’ai entendu qu’elle a mal fini, c’est terrible. Alors, là, c’était une beauté ! Et moi, oui, je suis vieille, mais je n’ai pas trop mal vieilli, on m’a bien soignée, je ne demande pas mieux.
Quoique…
Oui, quand même, il y a une chose qui m’embête. Toi, tu n’es pas revenue me voir – non, non, je ne te fais pas de reproches, je sais que tu as d’autres amis à revoir lorsque tu es à Paris – mais depuis 2005, je suis installée dans une grande salle face au Noces de Cana par Veronese. Si tu ne connais pas, tu peux Googler, hein ?
Bon, voici le problème : ça fait plus de deux ans que je zieute ce stupide tableau, et je ne vois toujours pas…
Alors, Joye, fais-moi un petit service, je t’en prie. Avant de partir en voyage, ma petite chanceuse, dis-moi un truc.
Sur ce stupide tableau : Où est Charlie ?
Allez, ma belle, je t’embrasse bien fort. Buon Viaggio e multi bacci, ragazza !
Éternellement,
Mona Lisa Maria Gherardini
Ma très chère Joye,
C’est avec grand plaisir que j’apprends que tu pars bientôt pour revoir mon pays natal, je sais que tu vas t’y amuser beaucoup. J’aimerais bien le revoir un jour, moi aussi, ça fait déjà un moment !
Tu es une grande voyageuse, et moi aussi ! Bien que nous nous soyons connues pour la première fois à Paris – je me souviens que tu étais choquée de voir que j’étais vraiment très petite – je n’ai pas toujours vécu au Louvre, tu sais. Quand j’ai déménagé en France avec Léonardo, je vivais d’abord à Amboise. Quand le maître est mort, on m’a installée à Fontainebleau. Après, j’étais à Versailles, mais j’avoue que je n’aimais pas le décor là-bas, trop chichiteux pour mes goûts.
Comme tu sais, après la Révolution, je suis allée vivre au Louvre, mais j’ai pu sortir de temps à autre. Napo m’a forcée d’aller vivre chez cette garce de Joséphine aux Tuileries pendant quelques années. J’ai aussi pu retourner brièvement en Italie avec ce voleur de Perugia ! Ah, quel mec !!! Je lui serai toujours reconnaissante de m’avoir entretenue pendant deux ans avant qu’on me renvoie en France. J’étais contente d’avoir ce peu d’amusement après presque 100 ans du même vieux train-train poussiéreux.
Et puis, c’est vrai que pendant la guerre de ’39, on se chargeait de me cacher, d’abord à Amboise. Tu sais, même après toutes ces années, on n’avait pas changé grand-chose dans cette baraque ! J’ai aussi vécu dans une abbaye. Crois-moi que, pour une fois, j’étais contente que mon Léo ne m’ait pas peinte sans vêtements ! Dans cette même période, j’ai aussi dormi sous un lit en Quercy. Oui, bon, entre mon asthme et les moutons de poussière, c’était pas la joie, mais j’étais quand même heureuse de ne pas être obligée d’aller vivre avec ce petit monstre moustachu à Berlin. Je te dis, Joye, c’est fou ce que les hommes peuvent être fous !
Depuis, bon, j’ai vu la Russie et le Japon. C’était drôle d’aller voir New York. Ton Président Kennedy, quel tombeur !!! La blonde qu’il aimait, j’ai entendu qu’elle a mal fini, c’est terrible. Alors, là, c’était une beauté ! Et moi, oui, je suis vieille, mais je n’ai pas trop mal vieilli, on m’a bien soignée, je ne demande pas mieux.
Quoique…
Oui, quand même, il y a une chose qui m’embête. Toi, tu n’es pas revenue me voir – non, non, je ne te fais pas de reproches, je sais que tu as d’autres amis à revoir lorsque tu es à Paris – mais depuis 2005, je suis installée dans une grande salle face au Noces de Cana par Veronese. Si tu ne connais pas, tu peux Googler, hein ?
Bon, voici le problème : ça fait plus de deux ans que je zieute ce stupide tableau, et je ne vois toujours pas…
Alors, Joye, fais-moi un petit service, je t’en prie. Avant de partir en voyage, ma petite chanceuse, dis-moi un truc.
Sur ce stupide tableau : Où est Charlie ?
Allez, ma belle, je t’embrasse bien fort. Buon Viaggio e multi bacci, ragazza !
Éternellement,
Mona Lisa Maria Gherardini
Un jour, je faisais la queue à Orsay pour une expo dont je ne me souviens plus. J'accompagnais une possible belle-mère, très conne.
RépondreSupprimerA distance de la file d'attente, il y avait installé un châtelet, ces petits théâtres pour les marionnettes. Dedans, se tenait immobile, un travesti parfaitement maquillé en Mona Lisa. La confrontation était tellement troublante que j'ai été le seul à pouvoir en approcher et soutenir son regard, admirer le spectacle et le travail offerts. Le service policier de service reculait devant une prise de décision d'évacuation ou non. Là, je me suis dit ce mec est plus balaise que Gandhi.
Plus tard, je me suis essayé, une fois, à peindre un travesti. Ce fut un piètre travail, d'une vulgarité. hier, sur arte-tv; je voyais le travail d'une photographe sur ses amis travestis, très fort aussi, des gens inouis.
Il y a bien longtemps que je n'ai vu La Joconde, je pense qu'elle a bien vieilli, malgré toutes sortes de conservateurs.
J'ai bien aimé ton message.
Balthazar
Voilà, je suis là, et je rigole... :-))
RépondreSupprimerAh, c'est vous Olaf/Lisa? Je vous imaginais moins musclés.
RépondreSupprimerBalthazar