Tableau par Karel Simunek |
Pauline était amoureuse des livres. À chaque moment de libre, elle lisait. Pendant que les autres filles de la revue fumaient en cachette une cigarette ou avalaient leur petit scotch loin des yeux qui condamnaient, Paulette tournait les pages.
Elle lisait tout : histoire, philo, sciences, torchons...tout, tout, tout, sans distinguer les uns des autres.
Pauline était tout sauf snob, quoi.
On la taquinait, on lui disait qu'elle risquait de devenir bas bleu, mais elle ne nous écoutait pas. Trois secondes après avoir quitté la scène, on pouvait la retrouver immersée dans des pages jaunies comme sa tête frisée.
Nous autres, on s'en fichait pas mal. Si Pauline consacrait tout son temps aux pages, tant mieux, cela faisait moins de concurrence pour ceux qui venaient chaque soir nous attendre à l'entrée des artistes.
Oui, certes, des fois, j'aurais préféré un livre moisi à un de ces vioques pitoyables, mais bon, nous, on n'avait pas trop le choix. Impossible de savoir lequel était vraiment son prince, mais nous étions convaincues, toutes, qu'il arrive un jour ou un autre.
Tiens, je ne sais plus trop ce qu'elle est devenue, la Pauline.
Quelqu'un a dit qu'elle est devenue institutrice, d'autres chuchotaient qu'elle avait pris le voile.
Moi, bon, je pense - non, j'espère - qu'elle est devenue auteure.
Soit cela, soit elle est morte dans un grenier misérable quand sa grande bibliothèque est tombée sur elle, fendant son petit crâne d'un coup inerrablement fatal.
et oui... pauvres de nous
RépondreSupprimerah oui, sortons nos mouchoirs ! ;-)
RépondreSupprimerNon, non, d' être bas bleu jamais une femme ne s' y résigne, et alors elle devient souvent bas résilles!
RépondreSupprimer:)
Tous mes bas sont noirs, je n'y peux rien, c'est à la mode. ;o)
RépondreSupprimerSe livrer tout entière aux livres pour se délivrer ?
RépondreSupprimerPourquoi pas !
Une manière comme une autre
- une des plus efficaces -
de mettre ou de prendre les voiles.
Merci pour ton commentaire et bienvenue !
RépondreSupprimer...
RépondreSupprimerSon petit crâne fendu,
Pauline s'en est allée
Elle fut la bienvenue,
Là-haut dans la foulée
Saint-Pierre l'a bien reçue
Et Dieu l'a consolée
Offrant à l'inconnue
Le droit de l'épauler
Pour, tel que convenu
Choisir et décider
Qui sera retenu
Pour mourir et quitter
Ce bas monde incongru.
Pauline s'est bien vengée
Et loin d'être ingénue,
A bien privilégié
Le choix d'un mâle bourru.
Zut, zut et zut !
RépondreSupprimerJ'ai oublié la dernière strophe :
"Convié à trépasser"
Et tu as dit que tu n'écrivais pas !
RépondreSupprimerOH !
:-)