OUATE ET VERRE

OUATE ET VERRE

3.4.08

Les séparés (n'écris pas) par Marceline Desbordes-Valmore

N'écris pas. Je suis triste, et je voudrais m'éteindre.
Les beaux étés sans toi, c'est la nuit sans flambeau.
J'ai refermé mes bras qui ne peuvent t'atteindre,
Et frapper à mon coeur, c'est frapper au tombeau.

N'écris pas ! N'écris pas. N'apprenons qu'à mourir à nous-mêmes.
Ne demande qu'à Dieu... qu'à toi, si je t'aimais !
Au fond de ton absence écouter que tu m'aimes,
C'est entendre le ciel sans y monter jamais.

N'écris pas ! N'écris pas. Je te crains ; j'ai peur de ma mémoire ;
Elle a gardé ta voix qui m'appelle souvent.
Ne montre pas l'eau vive à qui ne peut la boire.
Une chère écriture est un portrait vivant.

N'écris pas ! N'écris pas ces doux mots que je n'ose plus lire :
Il semble que ta voix les répand sur mon coeur ;
Que je les vois brûler à travers ton sourire ;
Il semble qu'un baiser les empreint sur mon coeur. N'écris pas !

4 commentaires:

  1. J'aime beaucoup cette poétesse. je t'offre ce poème (que je suis allé recherché sur le web ; je ne me souvenais que des deux dernières strophes) Tu le connais surement, mais j'avais envie de le partager :o)

    @ +

    L'hiver

    Non, ce n'est pas l'été, dans le jardin qui brille,
    Où tu t'aimes de vivre, où tu ris, coeur d'enfant !
    Où tu vas demander à quelque jeune fille,
    Son bouquet frais comme elle et que rien ne défend.

    Ce n'est pas aux feux blancs de l'aube qui t'éveille,
    Qui rouvre à ta pensée un lumineux chemin,
    Quand tu crois, aux parfums retrouvés de la veille,
    Saisir déjà l'objet qui t'a dit : " A demain ! "

    Non ! ce n'est pas le jour, sous le soleil d'où tombent
    Les roses, les senteurs, les splendides clartés,
    Les terrestres amours qui naissent et succombent,
    Que tu dois me rêver pleurante à tes côtés :

    C'est l'hiver, c'est le soir, près d'un feu dont la flamme
    Eclaire le passé dans le fond de ton âme.
    Au milieu du sommeil qui plane autour de toi,
    Une forme s'élève ; elle est pâle ; c'est moi ;

    C'est moi qui viens poser mon nom sur ta pensée,
    Sur ton coeur étonné de me revoir encor ;
    Triste, comme on est triste, a-t-on dit, dans la mort,
    A se voir poursuivi par quelque âme blessée,

    Vous chuchotant tout bas ce qu'elle a dû souffrir,
    Qui passe et dit : " C'est vous qui m'avez fait mourir ! "

    RépondreSupprimer
  2. Anonyme2:45 AM

    Ouais !! et puis la voix pour nous emmener de l'hiver au p...temps.
    Ca fait juste du bien de te lire..
    ou pas ?!
    Merci

    RépondreSupprimer
  3. l'arpi : Les grands esprits ! Merci pour le poème.

    doume : Du bien, j'espère. ;-)

    RépondreSupprimer
  4. Anonyme5:40 AM

    Un texte Magnifique !!!!

    RépondreSupprimer