OUATE ET VERRE

OUATE ET VERRE

22.12.10

Réveillon

-Regarde, me dit-il et je vis dans sa paume un bout de pain desséché.
Ses yeux luisaient dans le noir.
Je ne sais pas quel prix il l'avait payé et je n'osais pas demander.
Mais j'admirais.
- Bravo, mon chéri. Allez, croque-le, mais doucement, cela te fera plus plaisir si tu le savoures.
- Savoures, maman ?
- Cela veut dire que tu prendras ton temps à le manger, pour prolonger le plaisir.
- Tu n'en veux pas ?
Ses yeux portaient un faux espoir que je n'osais pas decevoir.
- Ce que je veux, mon enfant, c'est que tu manges ton pain.
Il ne dit pas merci, mais commença à grignoter. Je vis que ses mains bleues du froid tremblaient encore.
Ce n'était pas facile, mon estomac creux menaçait de m'étrangler, mais je me retins.
Le petit prit cinq minutes entières à mastiquer son morceau.
Et puis, il n'y en avait plus.
- Qu'est-ce que je suis fière de toi, mon amour, lui fis-je. Tu as croqué dedans comme un vrai homme.
Il me sourit vaguement, et prit, pour la première fois sans demander, toute la couverture pour lui-même.

2 commentaires:

  1. réussite de l'éducation - femme si femme

    RépondreSupprimer
  2. Ce texte s'est écrit tout seul devant mes yeux.

    Merci pour tes com's et ton intérêt, brige, c'est superbement sympa pour moi !

    RépondreSupprimer