OUATE ET VERRE

OUATE ET VERRE

9.12.10

la 238

trois cent soixante-cinq jours par an
alala se lève dans le chaud ou le froid
prend son grand panier de linge
et s'en va dans le noir vers Paris
trois cent soixante-cinq jours par an
fériés, grévés, sinistrés, ordinaires,
autant que le sang circule encore
dans ses veines
alala arrive au fond de la cour
et entre à l'hôtel par la porte d'en bas
elle prépare le café, range la confiture,
les croissants, dit bonjour au patron
s'il passe
le service commence à six heures
mais les affamés à six heures sont rares
quelques touristes allemands, ponctuels
les hommes d'affaires arriveront vers sept
heures, pas les gros pistonnés,
des japonais en difficulté,
et surtout, tous des visages blancs, l'un
ressemblant interminablement à l'autre
à dix heures, elle termine son service
et rejoint les autres à faire les chambres
elle aime bien la 238
parfois on lui laisse un pourboire
on, c'est la dame blonde qui l'appelle
Madame au service, qui dit merci,
celle-là qui pense
souvent à alala, sans qu'alala
ne pense jamais à elle.

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