L’épicerie en ville avait la tête gigantesque d’Elsie la Vache, celle qui assurait elle toute seule le lait, le beurre et la glace qu’on pouvait y acheter. Maman n’en achetait pas, nous avions du lait chez nous qui venait de nos vaches qui ne ressemblaient point du tout à la belle Elsie. Les nôtres vaches étaient noires et blanches. Elsie était blonde. Elle souriait. Nos vaches ne souriaient pas, mais il y en avait une ou deux qui aimaient que je leur gratte la couronne, cet os bizarre qui se trouvait entre leurs oreilles.
Quand on passait devant Elsie à l’épicierie, elle nous saluait. Je ne me souviens plus de ce qu’elle disait, ce n’était pas « moo ». Je me souviens parfaitement de son collier de marguerites et du tablier qu’elle portait parfois. Nos vaches à nous ne portaient pas de tablier, ni de collier de marguerites. J’ai décidé que c’était normal parce que nos vaches à nous habitaient à la campagne, et Elsie habitait en ville. Normal. Tout en ville était différent de chez nous à la campagne.
Mais plus qu’Elsie, l’épicerie en ville avait aussi mon premier amoureux qui s’appelait Jake. L’épicerie portait son nom. Je trouvais très chouette que l’épicerie porte son nom. C’était un homme grand et mince. Il n’avait pas beaucoup de cheveux. Je pensais qu’il ressemblait très fort à Mr. Green Jeans, l’ami de Captain Kangaroo à la télé. Lui aussi portait un tablier blanc, mais un tablier pour hommes. Maman ne portait pas de tablier. Papa non plus. Jake était exceptionnel.
J’étais toujours heureuse de le voir et il me rendait le compliment. Il avait toujours une sucette pour moi. Ce n'était jamais une sucette verte ou jaune, je ne les aimais pas. C'était toujours une sucette violette ou rouge. Elles étaient les meilleures. J’étais sûre que les autres enfants ne recevaient pas de sucette, après tout, Jake n’offrait jamais de sucette à ma maman. Seulement à moi. Chez moi, s'il n'y avait pas de sucettes pour tout le monde, personne ne recevait de sucette. C'était différent en ville.
Jake était célibataire et moi aussi. L'homme de mes rêves avait la quarantaine, et moi, deux ans et demi.
Quelqu'un de bien ce mister Jake !
RépondreSupprimerPeut-être était-il secrètement amoureux de toi... va savoir !
En tout cas, un monsieur très doux et attentionné.
Très belle histoire, joye !
Et encore, mieux, elle est vraie !
RépondreSupprimer;-)
Je m'en doutais !
RépondreSupprimerJ'ai pensé un moment te le dire dans mon commentaire mais je n'ai pas osé par peur de me planter.
Quelque chose dans ton texte me le disait, quelque chose que je n'arrive pas à identifier, mais quelque chose qui parle juste et fort.
Maintenant, si je te l'avais dit, tu aurais très bien pu me dire, rien que pour le plaisir de m'asticoter :" Tu n'y es pas du tout ! C'est totalement inventé !"
Mais là, je ne t'aurais pas cru. ;-)
crue bien sûr !
RépondreSupprimerMotley était une Crue. ;o)
RépondreSupprimerCrue en effet ! Et le mot est faible ! ;-)
RépondreSupprimerhttp://www.youtube.com/watch?annotation_id=annotation_865534&v=2LBwaZ1CanM&src_vid=-4ehGN-nTkw&feature=iv
Je clique pas, je ne les ai jamais aimés. ;-)
RépondreSupprimerTu fais bien, c'est craignos !
RépondreSupprimerEt encore j'ai mis une des "moins pires" ;-)
;-)
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