La classe ricana.
Mr. Johnson venait bien de dire « Flying
BUTTresses ». Hahaha, butt, c’était
les fesses, on voulait bien les voir s’envoler, hahaha.
Moi, je les entendais vaguement.
Je pensais à la merveille que le prof de
français venait de présenter.
J’imaginais mal ce que c’était, que le poids
de toutes ces pierres repartait par ces structures que je trouvais absolument –
envoûtants, quoi.
Il me fallut encore deux ou trois ans pour
apprendre qu’on les appelait, en français, des arcs boutants.
Un arc boutant ! Même leur nom était
joli, ces filaments de dentelle en pierre.
Fascinant, l’idée du poids reparti dans l’air,
grâce à des arcs-en-ciel de granit.
Des arcs boutants !
Deux ou trois années plus tard, j’étais, pour la première fois à Paris.
Je pensais encore à Mr. Johnson, qui nous
disait toujours « WHEN you go to France. » et non pas « IF you
go to France ». Jamais « Si
vous allez en France ». Toujours « Quand vous irez en France ».
Je le trouvais bien naïf. Ma famille était
pauvre. Nous ne voyagions jamais. Je savais que je n’irais jamais à Paris, ou
bien, peut-être un jour quand j’étais trop vieille pour l’apprécier.
Mais bon, c’était moi la naïve.
Je m’en rendis compte ce premier jour où j’étais
à Paris.
Puisque je m’étais promptement perdue dans le
métro, je ressortis vers le jour et le chauffeur de taxi me dit qu’il
voulait bien m’emmener où j’allais, mais qu’il s’agissait juste de quelques
petits kilomètres. Je lui dis que s’il voulait bien m’y emmener, je voulais
bien lui payer pour le privilège…
Et dans quelques secondes, le taxi passa
juste devant ces étonnants arcs boutants.
Je ricanai de fatigue et puis de joie en voyant le miracle du granit et de la
dentelle, celui du poids distribué à travers de quelques petites années et de
plusieurs longs siècles.
Merci à Google Images pour la photo. |
Une histoire vraie et...
RépondreSupprimerQu'est-ce qu'elle est belle !
Merci Joye.
Merci pour ton soutien fidèle ! J'apprécie !
RépondreSupprimerToi qui aimais la France et qui t'étais résignée à l'idée de ne pouvoir jamais y mettre les pieds.
RépondreSupprimerEt puis, un jour...
Je n'ose même pas imaginer ta joie quand tu y es arrivée la première fois.
Un visionnaire ce Monsieur Johnson ! Il ne se doutait peut-être pas que son « WHEN you go to France. » était prémonitoire.
Est-ce donc lui qui t'a inoculé le "virus" de la francophilie ?
Non.
RépondreSupprimerMais bon, il y en a tout plein qui voudraient m'en désabuser. J'entends leur chant sur la plaine...
;-)
N'écoute pas le chant de ces tristes sirènes !
RépondreSupprimerAu besoin, fais-toi couler de la cire dans les oreilles.
Ulysse l'a bien fait, lui. ;-)
Lui au moins aurait fait un beau voyage, cher Joachim !
RépondreSupprimer;o)
Où sont les toits d'ardoise angevine ?
;-)
L'air marin je connais.
RépondreSupprimerLa douceur angevine, j'ai connu.
Toi aussi, d'après ce que j'ai cru comprendre... ;-)
yep, deux étés et plusieurs retours... ;-)
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