OUATE ET VERRE

OUATE ET VERRE

18.8.11

PRIME


The Night Window par Edward Hopper, 1928.
Moi, c’est Vic le Voyeur. Non, ce n’est pas mon vrai nom. Mais il suffira.
Mon métier ? Jeter un regard furtif par les fenêtres où l’on oublia de fermer les volets. Stocker les renseignements et les revendre au soumissionnaire le plus offrant. 
Ma liste de clients vous étonnerait. Pour la plupart, ce fut des frustrés et des vieilles filles qui vivaient par procuration, parfois le mari jaloux ou la fiancée trahie, mais j’eus aussi des PDG, des écrivains, des curés.
Un de mes clients en particulier, je l’aimais bien. C’était un artiste. Il s’appelait Hop. Je sais que c’était un pseudo, mais peu importe. Il payait bien. Et toujours à l’avance.
Si je repérais une nue, j’avais droit à une prime. Pour les blondes, il payait double. Il aimait bien les scènes d’hôtel. Mais là, c’était plus compliqué. Les femmes voyageant seules, c’était rare à l’époque.
Or, une nuit, je tirai le gros lot. Pignon sur rue. Trois fenêtres grandes ouvertes, une lumière de résurrection rayonnant de l’intérieur. Une petite blonde fraîchement sortie de la douche, nue comme un ver dans la pomme du jardin d’Éden.  Canon. Carrément canon.
D’une cabine en face, je téléphonai à Hop. Lui peignait un truc louche – un petit comptoir à New York où un mec et une fille prenait un café. Il laissa tomber les pinceaux, me dit qu’il y serait en trois minutes.
J’attendai.
Entretemps, la nénette s’habilla d’une serviette rouge et s’occupa à ranger ses affaires.
Hop arriva juste quand elle présentait ses fesses à la fenêtre.
Et alors, pas de bol, je n’eus pas ma prime.
Ce serait pour une autre fois.

6 commentaires:

  1. ben je comprends que ce soit primé !

    je diffuse, tu ne m'en veux pas ?

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  2. brige, comment veux-tu que j'en veuille à mon idôle, hmm ?

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  3. héhé ! Tu réussis à faire un texte souriant en parlant de voyeur, bravo !

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  4. À quand ta jolie plume là-bas, belle captaine ?

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  5. Lorsque l' on est voyeur(euse ), c' est souvent par exhibitionnisme nous expliquent les psychiatres ...et cela se peint bien !
    Cela se montre.

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