Mimi attendait debout sur le quai.
L'annonce quotidienne résonnait du haut-parleur :
Vivre est un bonheur.
On vous répète : Vivre est un bonheur.
Mimi n'osait pas bouger.
-Vivre est un bonheur, dit l'homme qui attendait derrière elle.
-Vivre est un bonheur, répéta la jeune mère à l'enfant dans ses bras.
-Vivre est un bonheur, hurla un jeune en perfecto.
Mimi se tint très tranquille.
Elle bougea ses lèvres afin qu'on pense qu'elle répétait.
C'était la loi.
On punissait sévèrement les infractions.
On vous mettait dans une cage.
On vous privait de protéine.
On vous faisait une petite intervention, comme on disait.
De loin, elle entendait un grincement creux.
Le métro s'approchait.
Il s'arrêta devant elle.
Les portières s'ouvrirent.
- Vivre est un bonheur, rappelait la voix du haut-parleur.
- Vivre est un bonheur, disait chacun en descendant du wagon.
- Vivre est un bonheur, répondait chacun qui allait monter.
Mimi bougea ses lèvres.
Partout il y avait des caméras de surveillance.
C'était trop dangereux de faire autrement.
Elle monta dans le wagon.
- Vivre est un bonheur, prononça le monsieur assis en face d'elle.
Il ne lui proposa pas son siège, cela ne se faisait plus depuis longtemps.
Mimi bougea ses lèvres en réponse et enlaça le poteau.
Elle serait bientôt rentrée, et hors vue de la caméra, elle enfilerait enfin ses boules Quiès.
Ça aussi, c'était défendu, mais certains, dont Mimi, le risquaient encore.
- Le bonheur forcé est un cauchemar, se dit Mimi, tout bas.
oh que je la comprend- et freinons.. freinons avant que ce soit TOTALEMENT obligatoire
RépondreSupprimerMerci pour ta réponse, brige. Tu es toujours la bienvenue là-bas si le coeur t'en dit, tu sais.
RépondreSupprimerQuant au bonheur, c'est vrai que tout le monde s'attend à être heureux ces jours-ci.