Chers amis, j'ai le plaisir et le grand honneur aujourd'hui de participer aux Vases communicants, un échange entre bloggueurs qui a lieu le premier vendredi de chaque mois. Brigetoun m'a invitée, mon texte se trouve chez elle, et vous trouvez le sien ici. Vous constaterez la beauté de sa plume, et je sais que vous la recevrez chaleureusement.
Tiers Livre et Scriptopolis sont à l'initiative d'un projet de vases communicants : le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d'un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre. » et soit tu recopies la liste (17 aux dernières nouvelles ) soit, plus simplement, tu ajoutes « la liste des échanges de février se trouve sur http://vasescommunicants.blogspot.com/2011/01/liste-de-fevrier-en-cours.html ou sur http://brigetoun.blogspot.com
convalescence
Montée en vitesse contenue, calme.
Ton corps vu de dessus, déformé, en mouvement, poitrail biais, effacé, corps allongé, comme une flèche que l'on tirerait lentement en arrière avant de la laisser vibrer.
Blondeur mouvante.
Orage mon ami, bienvenu sois-tu,
D'où viens-tu ?
Assise sur le bout de terrasse, dans le reste de soleil, je ne commençais pas à attendre.
J'ai tourné la tête en entendant le très léger bruit de ton souffle, ou peut-être simplement parce que j'ai senti ta présence dans cette tombée du soir.
Ton museau contre moi, pesant. Ta tête levée, interrogative.
Nous sommes seuls, mon ami, pour un temps. Ils sont dans leur vie, les vaillants.
Je mets la main sur le noeud de muscles, entre tes épaules. Je sens ta force.
Je me hisse, me lance vers le mur, le suis. Je rentre
ton museau sur mes talons.
D'où viens-tu ?
Assise sur le canapé, face à toi,
assis, me regardant.
Tu ne me réponds pas, bien sûr. Tu penches la tête, un peu.
Tes yeux humides qui débordent.
Ta largeur. Ta jeunesse puissante.
Ce ravissement de ton poil, aussi clair, aussi brillant et changeant qu'un Senneh.
Je ne sais pas mesurer le temps. Il me semble que l'air a pâli, dehors, et que l'obscurité le pénètre lentement.
Ils vont rentrer. Tu es calme. Tu bailles.
Je regarde le temps passer.
Je suis absente.
Tu t'es allongé sur le plancher – je t'ai poussé du pieds pour que tu sortes du tapis – tête couchée – Tu dors.
Il fait nuit.
Je t'éveille en bougeant. Ton regard, à nouveau, plein de douceur, d'eau.
Je me lève.
Tu te lèves. Tu te dresses contre moi, pour me consoler.
Et je retombe assise, en désordre, si brusquement, trop vite pour une panique.
Trop faible pour ton poids, et secouée de rire.
Rire qui déborde, me fait du bien, dure.
Tu es retombé assis, toi aussi, sévère, rigide, vexé.
Nous nous regardons et le temps s'éternise.
Tu tournes la tête.
Nous entendons la voiture.
Orage, mon ami,
tu es très beau, tu es très tendre, tu es très con.
J'installe ma faiblesse, trop grande pour être triste,
bien blottie dans ton poil,
là où il passe de l'or au blanc dans la lumière
et, du pied, je te pousse un peu, pour que tu me saches là,
je tends le bras, je pèse sur ton cou, tu vas les accueillir.
(c) Brigitte Célérier