OUATE ET VERRE

OUATE ET VERRE

11.2.07

Les pavés de Bruxelles

[pour Impromptus, sans savoir s'ils l'accepteront]


Je suis arrivé à Bruxelles depuis quatre jours…

C’était la faute des pavés de Bruxelles. Je compris tout de suite en essayant de traverser la Grand’Place chaussé de ses bottes, une très belle soirée de juin, que les pavés étaient là pour affoler les gens. La peur de fouler une cheville, de trébucher et tomber à plat, de réveiller cette angoisse îvre…

…malheureux et desespéré…

On avait été ensemble à Londres, on écrivait, on s’amusait, on s’aimait comme ce n’est pas possible, comme ce n’est pas permis. Et puis, un beau jour, il me gifla, et je partis, pour aller me réconcilier avec ma Mathilde, celle qui prétendait que mes relations avec lui, cet ange, étaient immorales. Je lui écris…

…que si elle ne venait pas me rejoindre dans les trois jours je me brûlerais la cervelle…

Mais j’aurais pu me jeter d’une de ces fenêtres de la Maison du Pigeon, là, ma pauvre cervelle aurait éclaboussé les jupes des passantes, les bottes des messieurs, les pavés, ces maudits pavés de Bruxelles, aussi durs que lui dans son dernier refus de mon amour.

Alors, j’ai acheté ce matin un révolver au passage des Galeries Saint-Hubert…

Et lorsqu’il me regarda avec ces yeux, ces deux pavés noirs et durs et froids, à Bruxelles, où je titubais d’amour, de folie, de passion…

J’ai cédé à un moment de folie et j’ai tiré sur lui.

Sacrés pavés. Maudits pavés. Pavés de Bruxelles menant à mon enfer. À ma prison. À lui.

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