OUATE ET VERRE

OUATE ET VERRE

29.1.08

Terrible

[pour les Impromptus]

Il y a quelque chose de terrible en moi. Demain je verrai le chirurgien. Il prendra son plus beau bistouri – c’est beau ce mot, bistouri – et il fera que ce quelque chose de terrible en moi disparaisse à tout jamais.

J’arriverai tôt, à jeun et avant le soleil. Je me déshabillerai dans la petite pièce, je mettrai la robe de coton fatigué aux petits carreaux bleus et tristes. En dépit de la lumière cruelle, la sorte qui ne pardonne jamais rien aux femmes, même les plus belles, je me regarderai dans le miroir, essayant de voir cet ennemi invisible, ce quelque chose de terrible en moi. Déçue, je sortirai.

L’infirmière mettra l’aiguille dans mon bras, ayant noté que j’avais demandé qu’on ne la mette pas dans ma main, c’est trop douloureux. Elle commencera la perfusion, et puis s’en ira s’occuper d’autres affaires. Moi, j’attendrai dans la goutte-goutte-goutte d’une telle attente.

Le chirurgien viendra me dire bonjour, me fera son plus beau sourire qui dira « T’inquiète pas. Tu as quelque chose de terrible en toi, et moi, je vais t’en débarrasser pour de bon. » Je sourirai à mon tour, nerveusement. Il s’en ira et je regarderai le bleu de son dos disparaître derrière les portes battantes comme celles d’un bar dans un vieux western.

Arrivera une autre infirmière, celle qui assistera le chirurgien, celle qui lui donnera les instruments. Elle m’amènera à la salle lumineuse et elle m’aidera à me coucher sur la table, tout en tenant la goutte-goutte-goutte dans sa main. Il fera froid, et elle m’enveloppera dans une couverture chauffée. La laine sera douce et lourde contre les courbes de mon pauvre corps qui se soumettra à la lueur inhumaine des instruments qui tranchent.

On m’endormira, mais avant que le monde ne se dissolve devant mes yeux, avant que le noir ne me recouvre de son beau manteau opaque, je verrai les murs luisants et blancs, le métal poli, les silhouettes masquées, et ce beau bistouri qui fera sortir ce quelque chose de terrible que j’ai en moi.

26.1.08

12, rue de la République

Viens vivre avec moi à La Rochelle
où nous nous ferons assiéger
par l'amour.

18.1.08

territoire inconnu

qu'est-ce qui
reste
à découvrir :
continent,
montagne,
fleuve,
ilôt,
ravin
ou juste
un bout
de ta peau
sur lequel
je n'ai pas encore
posé un baiser

10.1.08

Devant moi, la mer

[note perso à Sarah, j'ai écrit ce poème en 2004 lors d'un voyage à Jamaïque. Merci pour le rappel]

Devant moi, la mer
l'horizon gris foncé

Et puis vert, vert, vert
des trous de verdure là
en pleine mer
parmi les bleus

Et les vagues qui s'enroulent
qui se précipitent vers moi
dans leur hâte de me connaître

Et juste avant d'arriver
elles sursautent en crachant leur surprise
des bulles toutes blanches

Qui moussent et qui disent,
qui bourdonnent et qui crient

Bienvenue, la jolie
Nous t'attendions

2.1.08

Un hiver typique...

C'est un hiver typique: la neige, le verglas, le vent, le froid qui mord les doigts de tes pieds...


Le tout dans une beauté désolante et dangereuse, comme toutes les grandes beautés...

Lorsque tu as le courage de t'aventurer dedans, tu trouves que c'est difficile de respirer, l'air te repousse et te lacère les poumons, il craquèle sous tes pas et tu t'arrêtes et tu pousses ce soupir vaporeux qui gèle immédiatement dans ce froid qui t'entoure comme un amant qui ne t'aime plus et qui dit...


Attention...Tout ça, tout ça, fait pour repousser la vie, le regard, les soupirs, tout ça qui brille et éblouit et qui arrache de toi un petit serment... je te hais, mon amour.