OUATE ET VERRE

OUATE ET VERRE

31.3.19

la saint-benjamin

benjamin
est
sans doute
le saint patron
des 
couturiers
et
ceux
qui 
savent
s'habiller
chic




30.3.19

châtelaine

baiser du jour,
baiser d'amour

baiser du soir
baiser de gloire

baiser du matin
loin du chagrin

baiser dans la nuit
y a rien qui rime

29.3.19

exercice

haine
laine
mouton

amour
louis
quatorze

peur
bleue
ciel

mépris
prison
ferme

angoisse
gosse
bosse

envie
vivante
tableau

28.3.19

le beurre aux épinards

jamais 
n'ai-je compris
la métaphore

qui aime le beurre
et les épinards
ne demande pas
mieux

et puis d'ailleurs
pour améliorer
ceux-ci
on rajoute
un chouïa
de vinaigre :

délice
du
fin
gourmet

27.3.19

le secret de l'hôtel Audubon

le secret

de l'hôtel
Audubon

restera secret

il y a

toutefois

photo

26.3.19

mal a dit

rhume
sans euh
est rhum

tchin !

25.3.19

escalier

on ne verra 
ni la rouille
ni les fils
ni les tuyaux
laids
on ne ressentira 
ni la chaleur
ni l'effort
ni le fer brûlant 
de la dentelle
de la balustrade
on ne comptera 
ni les marches
ni les briques
ni les secondes
qu'il faut
pour courir

jusqu'à la porte
et celle
qui attend 
derrière

24.3.19

la brasserie de maman

elle brassait le meilleur Kool-Aid du voisinage


23.3.19

inondation

doucement revient le printemps
si l'on ne vit pas sur les bords
du fleuve Missouri

22.3.19

il y aura comme une bagarre

il y aura comme une bagarre
un jour
je le sais, je le sens


21.3.19

et si, un jour, tu ne reviens pas

et si, un jour, tu ne reviens pas,

le soleil n'oubliera pas 
de lever dans l'est
les oiseaux n'oublieront pas
que leur boulot est de chanter
afin de plaire aux oreilles
humaines
le printemps fera encore 
sa corvée, 
verdissant les plaines
et réveillant les bourgeons

il se peut que la pluie
oublie de tomber
la pluie n'a aucune
idée de ce que c'est
que la fidélité

les louves
n'oublieront pas
de faire des
louveteaux
avec ou sans
des amoureux


20.3.19

si un jour tu revenais

si un jour
tu revenais
trempé par la pluie
hésitant à mon seuil

te reprendrais-je
comme un chaton
te séchant avec
ma meilleure serviette
te murmurant
que cela irait
tout en te faisant
boire du lait
doucement réchauffé

ou est-ce que
je claquerais
la porte
dans ton nez
tournant le dos
en écoutant
le son de tes griffes
en train de rayer
encore
le bois
de ma demeure

enfin repartant
par la sortie
des loups

hurlant
fort et furieuse
dans le vide


17.3.19

l'athée qui aimait visiter des églises

Il était une fois moi, qui ai visité l'Église Ste Genevieve dans le Missouri...




16.3.19

13.3.19

devise

inexorablement
inexorable

12.3.19

10.3.19

un ange passe

normal

après tout,
on est dimanche

9.3.19

frappedingues

si tu aimes
frapper les dingues
viens chez moi
j'en ai
au moins un
qui a besoin
d'une claque

8.3.19

à TOUTES les femmes internationales

si tu es belle
si tu séduis
si l'on compare
tes nichons
aux harpes du paradis

t'are ta gueule
à la récré
si tu n'as pas
la tête
qui va
avec

7.3.19

je moute, tu moutes, il moute, nous moutons

le bonheur
est dans
le pré-

salé

6.3.19

descendre mercredi

viens, mon mercredi,
je te ferai une croix
sur ton front gelé

5.3.19

mardi gras

le mardi gras
se pourlèche
les babines
s'empiffrant
afin de tenir
pour les quarante
jours à venir
(sans compter
les dimanches,
dis mange)

4.3.19

aux calandes riantes

demain, c'est mardi gras
c'est donc aujourd'hui
le lundi de faire-les-courses

3.3.19

aucun commentaire

pour continuer
dans le droit chemin
je marcherai debout
car passer sa vie
à genoux
est très mauvais
pour les patellas

2.3.19

Fait-divers (pour le Défi du samedi)

 L’horrible scène, cher lecteur, chère lectrice, a lieu dans le métro crade et répugnante d’une ville connue non pas pour sa saleté ni pour sa répugnance, mais plutôt pour sa lumière ravissante. On supprimera sa vraie identité pour protéger les gentils aveuglés qui y vivent et qui visitent. 

Chaque jour un monsieur – on peut l’appeler peut-être un monsieur, bien qu’il n’y ait aucune trace de noblesse ni dans son allure ni dans ses actes – y porte dans ses bras sa belle-mère, une vieille dame habillée de haillons douteux et la pose, sans un mot, contre un mur dans un des couloirs caverneux avant de disparaître vers le carré de clarté en haut de l’escalateur. 

Munie seulement d’une paume vide et maculée pour faire son boulot, cette momie vivante y passe silencieusement de longues journées pendant que tous les pieds du monde trottinent devant sa tête baissée. Ses oreilles retentissent des échos creux des voix parlant toutes les langues indistinctes de l’univers.  Elle ne boit ni ne mange ni ne parle.  

Pleurez-vous déjà ? Non ?  Bon, je continue.

Si je vous disais qu’une bonne journée pour elle est de recevoir une pièce qu’elle fourre sur-le-champ dans ses loques puantes avant que quelqu’un ne vienne la lui voler ?

Qu’une telle pièce se fait de plus en plus rare ces jours-ci, et que la chance veut trop souvent que ce qu’on lui jette est un mégot encore tout chaud qui la brûle ?

Non ? Pas de larmes ?

Qu’on lui hurle souvent des injures salaces ?  Non ? Qu’on aime de plus en plus souvent la frapper avec un parapluie, ou qu’une bande de loubards qui passent régulièrement la prend parfois pour un ballon de foot destiné aux coups de pied experts ?

Non ? Rien ? 

Si je vous disais qu’avant la Révolution, elle était danseuse, qu’elle perdit une jambe lors une des centaines et centaines des bombardements qui ont lieu tous les jours dans les pays comme le sien ?  

Non ? Rien ?

Saviez-vous que dans la langue de chez elle, quand elle était jeune et belle, on l’appelait « Fleur » ?

Non ?  Bon.

Si je vous disais que dans le squat où son beau-fils la ramène le soir, elle mange dernière, bien après l’homme et ses enfants et sa fille et la tante et même le chien ?  Non ?

Alors, que faudrait-il pour que les larmes viennent à vos yeux ?  

Dois-je la tuer ?  

Non ? 

La torturer avant ? 

Non ? 

La faire violer ?

Ou, faut-il que je vous dise que cette ancienne Fleur n’était pas, après tout, une vieille dame ?

Que c’était un petit chaton égaré, un tout petit tigré qui miaule de faim ?

Ah, voilà.

Enfin. 

1.3.19

mars

une planète
un mois
un guerrier

il nous faudra
les trois
pour
survivre à
cet hiver