OUATE ET VERRE

OUATE ET VERRE

15.7.05

Pauvres types (traduit de Neruda)

Combien c'est coûteux sur cette planète
de s'aimer l'un et l'autre en paix :
tout le monde regarde tes draps,
tout le monde se mêle à ton amour.


Et ils se racontent des choses terribles
sur un homme et une femme
qui, après tant de manoeuvres,
toute sorte de componction,
font quelque chose de singulier --
ils se couchent tous deux dans un seul lit.


Je me demande si les grenouilles
sont aussi sournoises, ou si elles éternuent comme elles veulent,
si elles s'entrechuchotent dans
les marais au sujet des grenouilles illégitimes
ou des joies de vivre amphibieusement.
Je me demande si les oiseaux
se font d'autres oiseaux des ennemis
ou si les taureaux potinent avec les taurillons
avant de sortir au grand public avec leur vache.


Même les chemins ont des yeux
et les parcs leur police,
les hôtels espionnent leur clientèle,
les fenêtres balancent des noms,
les canons et les esquadrilles débarquent
sur des missions pour anéantir l'amour--
toutes ces oreilles et toutes ces mâchoires
marchant sans cesse,
jusqu'à ce qu'un type et sa nana
soient obligés de jouir
à tue-tête sur un vélo.

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