OUATE ET VERRE

OUATE ET VERRE

29.7.05


Chez moi ce soir 29.07.05 Posted by Picasa

15.7.05


Chevaux Posted by Picasa

Chevaux (traduit de Neruda)

Par la fenêtre, j'ai vu les chevaux.

C'était l'hiver à Berlin : la lumière
sans lumière, le ciel sans ciel.

L'air blanc comme un pain mouillé.

Et depuis ma fenêtre un cirque solitaire
Mordu par les dents de l'hiver.

Tout d'un coup, menés par un homme,
dix chevaux sortaient dans la neige.

A leur sortie, ils ont à peine ondulé, comme un feu,
mais à mes yeux, ils occupaient la terre
vide jusqu'à cette heure-là. Parfaits, fougueux,
ils étaient comme dix dieux, de sabots grands et purs,
leurs crinières élégantes et rêveuses.

Leurs croupes étaient des mondes et des oranges.

Leur couleur était le miel, l'ambre, le feu.

Leurs cous étaient des piliers
découpés dans la pierre de leur orgueil,
et de leurs yeux furieux s'assombrait,
comme celle d'une prisonnière, leur énergie.

Et là, dans le silence de midi
dans un hiver sale et désordonné,
les chevaux intensifs étaient le sang,
le rythme, le trésor important d'être.

J'ai regardé, j'ai regardé, et puis, j'ai ravivé, sans le savoir
Là se trouvait la fontaine, la danse d'or, le ciel,
le feu qui vivait dans la beauté.

J'ai oublié l'hiver de ce Berlin obscur.

Je n'oublierai jamais la lumière des chevaux.

Frontière

Tu passes à ma douane
Normal,
Je t'interroge :

Tu es là pendant combien de temps ?
Tu as l'intention de faire quoi ?
Et où ?
Avec qui ?

Business or pleasure ?

Et puis,
regarde-moi droit dans les yeux

Et attends que je prenne
tes empreintes digitales :

Deux petites taches bleues
Sur ma cuisse gauche.

Pauvres types (traduit de Neruda)

Combien c'est coûteux sur cette planète
de s'aimer l'un et l'autre en paix :
tout le monde regarde tes draps,
tout le monde se mêle à ton amour.


Et ils se racontent des choses terribles
sur un homme et une femme
qui, après tant de manoeuvres,
toute sorte de componction,
font quelque chose de singulier --
ils se couchent tous deux dans un seul lit.


Je me demande si les grenouilles
sont aussi sournoises, ou si elles éternuent comme elles veulent,
si elles s'entrechuchotent dans
les marais au sujet des grenouilles illégitimes
ou des joies de vivre amphibieusement.
Je me demande si les oiseaux
se font d'autres oiseaux des ennemis
ou si les taureaux potinent avec les taurillons
avant de sortir au grand public avec leur vache.


Même les chemins ont des yeux
et les parcs leur police,
les hôtels espionnent leur clientèle,
les fenêtres balancent des noms,
les canons et les esquadrilles débarquent
sur des missions pour anéantir l'amour--
toutes ces oreilles et toutes ces mâchoires
marchant sans cesse,
jusqu'à ce qu'un type et sa nana
soient obligés de jouir
à tue-tête sur un vélo.