OUATE ET VERRE
OUATE ET VERRE
30.3.05
29.3.05
Grammaire
On a pas le temps à perdre
Moi imparfaite
Elle plus-que-parfaite
Moi, lorsque j'étais
Elle, elle avait déjà été
Dans un futur antérieur
Que tu m'auras expliqué
Pourquoi le passé fut simple
Inconditionnellement
Moi imparfaite
Elle plus-que-parfaite
Moi, lorsque j'étais
Elle, elle avait déjà été
Dans un futur antérieur
Que tu m'auras expliqué
Pourquoi le passé fut simple
Inconditionnellement
28.3.05
Bisous pour un ami
Le verger -- par Anna de NOAILLES (1876-1933)
Dans le jardin, sucré d'oeillets et d'aromates,
Lorsque l'aube a mouillé le serpolet touffu,
Et que les lourds frelons, suspendus aux tomates,
Chancellent, de rosée et de sève pourvus,
Je viendrai, sous l'azur et la brume flottante,
Ivre du temps vivace et du jour retrouvé,
Mon coeur se dressera comme le coq qui chante
Insatiablement vers le soleil levé.
L'air chaud sera laiteux sur toute la verdure,
Sur l'effort généreux et prudent des semis,
Sur la salade vive et le buis des bordures,
Sur la cosse qui gonfle et qui s'ouvre à demi ;
La terre labourée où mûrissent les graines
Ondulera, joyeuse et douce, à petits flots,
Heureuse de sentir dans sa chair souterraine
Le destin de la vigne et du froment enclos.
Des brugnons roussiront sur leurs feuilles, collées
Au mur où le soleil s'écrase chaudement ;
La lumière emplira les étroites allées,
Sur qui l'ombre des fleurs est comme un vêtement.
Un goût d'éclosion et de choses juteuses
Montera de la courge humide et du melon,
Midi fera flamber l'herbe silencieuse,
Le jour sera tranquille, inépuisable et long.
Et la maison, avec sa toiture d'ardoises,
Laissant sa porte sombre et ses volets ouverts,
Respirera l'odeur des coings et des framboises
Éparse lourdement autour des buissons verts ;
Mon coeur, indifférent et doux, aura la pente
Du feuillage flexible et plat des haricots
Sur qui l'eau de la nuit se dépose et serpente
Et coule sans troubler son rêve et son repos.
Je serai libre enfin de crainte et d'amertume,
Lasse comme un jardin sur lequel il a plu,
Calme comme l'étang qui luit dans l'aube et fume,
Je ne souffrirai plus, je ne penserai plus,
Je ne saurai plus rien des choses de ce monde,
Des peines de ma vie et de ma nation,
J'écouterai chanter dans mon âme profonde
L'harmonieuse paix des germinations.
Je n'aurai pas d'orgueil, et je serai pareille,
Dans ma candeur nouvelle et ma simplicité,
A mon frère le pampre et ma soeur la groseille
Qui sont la jouissance aimable de l'été,
Je serai si sensible et si jointe à la terre
Que je pourrai penser avoir connu la mort,
Et me mêler, vivante, au reposant mystère
Qui nourrit et fleurit les plantes par les corps.
Et ce sera très bon et très juste de croire
Que mes yeux ondoyants sont à ce lin pareils,
Et que mon coeur, ardent et lourd, est cette poire
Qui mûrit doucement sa pelure au soleil...
Dans le jardin, sucré d'oeillets et d'aromates,
Lorsque l'aube a mouillé le serpolet touffu,
Et que les lourds frelons, suspendus aux tomates,
Chancellent, de rosée et de sève pourvus,
Je viendrai, sous l'azur et la brume flottante,
Ivre du temps vivace et du jour retrouvé,
Mon coeur se dressera comme le coq qui chante
Insatiablement vers le soleil levé.
L'air chaud sera laiteux sur toute la verdure,
Sur l'effort généreux et prudent des semis,
Sur la salade vive et le buis des bordures,
Sur la cosse qui gonfle et qui s'ouvre à demi ;
La terre labourée où mûrissent les graines
Ondulera, joyeuse et douce, à petits flots,
Heureuse de sentir dans sa chair souterraine
Le destin de la vigne et du froment enclos.
Des brugnons roussiront sur leurs feuilles, collées
Au mur où le soleil s'écrase chaudement ;
La lumière emplira les étroites allées,
Sur qui l'ombre des fleurs est comme un vêtement.
Un goût d'éclosion et de choses juteuses
Montera de la courge humide et du melon,
Midi fera flamber l'herbe silencieuse,
Le jour sera tranquille, inépuisable et long.
Et la maison, avec sa toiture d'ardoises,
Laissant sa porte sombre et ses volets ouverts,
Respirera l'odeur des coings et des framboises
Éparse lourdement autour des buissons verts ;
Mon coeur, indifférent et doux, aura la pente
Du feuillage flexible et plat des haricots
Sur qui l'eau de la nuit se dépose et serpente
Et coule sans troubler son rêve et son repos.
Je serai libre enfin de crainte et d'amertume,
Lasse comme un jardin sur lequel il a plu,
Calme comme l'étang qui luit dans l'aube et fume,
Je ne souffrirai plus, je ne penserai plus,
Je ne saurai plus rien des choses de ce monde,
Des peines de ma vie et de ma nation,
J'écouterai chanter dans mon âme profonde
L'harmonieuse paix des germinations.
Je n'aurai pas d'orgueil, et je serai pareille,
Dans ma candeur nouvelle et ma simplicité,
A mon frère le pampre et ma soeur la groseille
Qui sont la jouissance aimable de l'été,
Je serai si sensible et si jointe à la terre
Que je pourrai penser avoir connu la mort,
Et me mêler, vivante, au reposant mystère
Qui nourrit et fleurit les plantes par les corps.
Et ce sera très bon et très juste de croire
Que mes yeux ondoyants sont à ce lin pareils,
Et que mon coeur, ardent et lourd, est cette poire
Qui mûrit doucement sa pelure au soleil...
27.3.05
JPG 235
Fallait bien attendre qu'il revienne
Qu'il prenne le milieu
Là où on était tout chauds :
Lui et moi et le ciel et la lumière
Fallait bien attendre qu'il revienne
Me faire un équilibre
M'annoncer à chaque matin :
Lui et moi et le ciel et la lumière
Fallait bien attendre qu'il s'en aille
Pour pointer au nord, aux devoirs quotidiens
Laissant le souvenir chaud, illuminé :
Lui et moi et le ciel et la lumière
Fallait bien attendre qu'il s'en aille
Mais il reviendra, c'est vieux comme la danse --
Rite et louanges et sacrifices :
Lui et moi et le ciel et la lumière
Qu'il prenne le milieu
Là où on était tout chauds :
Lui et moi et le ciel et la lumière
Fallait bien attendre qu'il revienne
Me faire un équilibre
M'annoncer à chaque matin :
Lui et moi et le ciel et la lumière
Fallait bien attendre qu'il s'en aille
Pour pointer au nord, aux devoirs quotidiens
Laissant le souvenir chaud, illuminé :
Lui et moi et le ciel et la lumière
Fallait bien attendre qu'il s'en aille
Mais il reviendra, c'est vieux comme la danse --
Rite et louanges et sacrifices :
Lui et moi et le ciel et la lumière
26.3.05
ça me dit sain
ça me dit sain d'aller voir ma copine Larissa d'aller écouter son doux accent qui me rappelle les Steppes
ça me dit sain de me coucher ce soir à 19,05 h
ça me dit sain d'attendre que les cloches reviennent faisant du bruit dans l'escalier lorsque le voisin d'en haut les maudit dans son sommeil et la vieille dame d'en bas les maudit toute réveillée, aware que jamais plus elle ne rentrera tard les lèvres chaudes et moites d'un dernier baiser
ça me dit sain ça me dit sain ça me dit sain
ça me dit sain d'acheter deux billets aller et un seul de retour
ça me dit sain que tu m'attends dans la gare où faufilent les courants d'air froid et les grincements des freins résonnant contre les tympans et la poussette abandonnée se tient à l'écart dans l'espoir qu'un SDF vient la récuperer et remplit son vide des petits sachets de plastique tout froissés
ça me dit sain d'aller voir ma copine Larissa d'aller écouter son doux accent qui me rappelle les Steppes
ça me dit sain de me coucher ce soir à 19,05 h
ça me dit sain d'attendre que les cloches reviennent faisant du bruit dans l'escalier lorsque le voisin d'en haut les maudit dans son sommeil et la vieille dame d'en bas les maudit toute réveillée, aware que jamais plus elle ne rentrera tard les lèvres chaudes et moites d'un dernier baiser
ça me dit sain ça me dit sain ça me dit sain
ça me dit sain d'acheter deux billets aller et un seul de retour
ça me dit sain que tu m'attends dans la gare où faufilent les courants d'air froid et les grincements des freins résonnant contre les tympans et la poussette abandonnée se tient à l'écart dans l'espoir qu'un SDF vient la récuperer et remplit son vide des petits sachets de plastique tout froissés
ça me dit sain d'aller voir ma copine Larissa d'aller écouter son doux accent qui me rappelle les Steppes
25.3.05
L'inferno (Canto XII -- Purgatoire)
...Encore plus près de nous, habillée de blanc, elle est venue,
la créature radieusement claire, et son visage
brillait comme une étoile tremblante à l'aube.
Elle a ouvert très large ses bras, et puis ses ailes.
Elle a dit : "Venez, maintenant, les marches sont tout près ;
désormais, l'escalade sera plus facile."
À une telle invitation, très peu de monde répond :
O race des hommes, nés pour vous envoler envers les cieux,
comment un petit soupir de vent pourrait-il vous faire rechuter ?...
la créature radieusement claire, et son visage
brillait comme une étoile tremblante à l'aube.
Elle a ouvert très large ses bras, et puis ses ailes.
Elle a dit : "Venez, maintenant, les marches sont tout près ;
désormais, l'escalade sera plus facile."
À une telle invitation, très peu de monde répond :
O race des hommes, nés pour vous envoler envers les cieux,
comment un petit soupir de vent pourrait-il vous faire rechuter ?...
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