OUATE ET VERRE

OUATE ET VERRE

28.9.08

Recette fantastique

Pour un nombre illimité de personnes, avec des restes pour le dimanche soir

Prenez un dragon bien mûr, mais toujours en feu.

Farcissez-le avec une jeune donzelle tendre, très belle, de préférence.

Ajoutez deux ou trois lutins, un troll, ou des fées, si ces dernières sont de saison.

Faites mariner dans une forteresse farfelue au milieu d’une forêt enchantée, avec des trolls ou des squelettes qui parlent pour le piment.

En attendant, faites revenir un chevalier, un apprenti sorcier, et un soupçon de tension.

Avant cuisson, rajoutez le chevalier et ses accompagnements au contenu de la forteresse, tournez bien avec une grande baguette magique. À la mi-cuisson, rajoutez une poignée d’humour, mais pas trop, sinon, cela gâchera l’effet voulu.

Servez chaud avec beaucoup de salades et un beau nouveau happy-endolais.

Bon appétit !

27.9.08

Pour Mariev

Là,
où l'éclat
croise la fougue,
où le jour et la nuit
se marient
en noces clandestines,

Là,
où l'essor
courtise les ruines,
où le concret et l'abstrait
s'accouplent, posthumes,

Là,
où tu mettras le doigt
entre l'arbre et l'écorce
entre faiblesse et force

Là,
où tes mystères
se régénèrent

Là,
il y aura des brûmes.

[image copyright (c) mariev : http://sur-les-chemins.over-blog.com/]

26.9.08

Caixa

Distributeur automatique des rêves :

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Et surtout,
Ne pas oublier de reprendre la carte
Et vos rêves.

Trente emplois pour une cintre

29 avortements
et la robe
qu'ils auront payée

Quelle est la couleur de la faim ?

Quelle est la couleur de la faim ?

Ce ne serait pas jaune, ni rose, ni blanc
Des teints cachotiers, pas francs.

Est-ce un rouge
Qui brûle quand on bouge ?

Un creux
Bleu ?

Une transparence
De faïence
Livide
Quand l'assiette est vide ?

Ou

Est-ce le noir qui te fait hurler de dépit
Dans la nuit ?

25.9.08

Souhait

Comment faire disparaître cette sacrée lune ?

Je la flinguerais, je la tuerais, et encore elle reviendrait,
Elle se cacherait un peu, mais après,
Elle se lèverait dans le ciel, accusatrice.

Comment faire disparaître cette sacrée lune,

Celle qui nous aura vus tant de fois
Nous promener le bonheur au bout de nos doigts
Au bord de nos lèvres,
L'espoir qui se bat comme nos paupières
Dans l'obscurité
À la recherche d'un réverbère,
Une allumette craquée

Comment faire disparaître cette sacrée lune ?

L'espoir vibre

L'espoir vibre
Comme un portable dans ta poche

Il te rappelle
Les rendez-vous
Les messages
Les mots qui présagent

L'espoir équilibre
Mais tu balances

Les yeux dans les yeux
Tu danses

La claque de la clique

attaque
de l'algique

arnaque
anarchique

barbaque
boulimique

caque
canonique

craque
colique

flaque
frénétique

macaque
magique

pâques
des plaques
prolifiques...

traque
de la trique

pas de panique

Les plaisirs simples

Un sourire inattendu

Une gorgée de vin

Le soleil sur ton visage

Aller pieds-nus

Le sentir des arbres en automne

De l'eau fraîche

La première violette du printemps

La dernière feuille de l'automne

La voix de quelqu'un que tu aimes qui dit ton nom

Je pensais...

Je pensais quand j'étais petite que le Paradis était une grande bibliothèque où tu pouvais lire tous les livres qui avaient jamais été édités, et puis j'ai appris que mon Paradis à moi, c'était carrément l'enfer d'un autre. Mais comment ferait-on dans un monde sans livre ? Comment fait-on pour survivre à son enfance sans savoir se perdre dans un livre, voyageant, explorant, vivant une autre vie ? Ne pas savoir lire, c'est comme ne pas savoir respirer, ne pas s'échapper aux chaînes qu'un autre vous imposerait. C'est quoi une existence sans livres ? Ce n'est pas une existence du tout, c'est une inexistence. Un vide. Une lacune. Un néant.

Un repas pour un ennemi

Coeurs d'artichaut

Anguille sous roche

Langue-de-boeuf

Salades aux pépins
Giroflée aux cinq feuilles

Pinot evil
Eaux troubles
Fort de café


23.9.08

Chiche

Écrivez une histoire au sujet d'un mendiant qui adore s'entendre chanter.

De quoi guérir toute envie d'écrire !

Ça calmera bien
Les démangeaisons.

Abri

Cache-toi bien là
Loin des loups

À court de mots

Ficelle
Bien belle ?
Cascade
Nomade ?
Nuage
Volage ?
Paquet
Guilleret ?

Des mots pour décrire
Ton rire,
Il n'y en a pas.

Embarras.

Trois souhaits

vengeurs : chute, blessure, mort

miséricordieux : chute, blessure, mort

météoriques : pluie, neige, grêle

banaux : pluie, neige, grêle

glorieux : paix, prospérité, harmonie

ignominieux : paix, prospérité, harmonie

drôles : mamours, glamour, toujours

tristes : oui, tu auras deviné

Chemin de croix

Comment le feras-tu, ton chemin de croix ? Choisiras-tu un petit sentier pavé de larmes de béton ? Porteras-tu haut la croix ou la traîneras-tu après, que le ciment du sentier arrache des échardes, les gardant pour d'autres pieds plus nus que les tiens ? La couronne des épines, griffera-t-elle assez, ou l'enfonceras-tu sur ta tête, histoire de faire couler encore de sang ? C'est impressionnant, le sang, la foule adorera. Te mettras-tu au centre des larrons, ou leur enlèveras-tu leur place au soleil d'un coup d'airbrush ? Car un chemin de croix, cela se fait le mieux en solitaire, la foule à une distance du martyr, leurs yeux affamés, leurs cris rauques d'approbation.

22.9.08

Et en dépit de tout...


Même
S'il n'y avait personne
Pour le voir,
Il serait aussi beau,
Comme un non-dit,
Ni vu, ni connu.
Des mots d'amour
Naissants et mourants
Sur des lèvres réticentes,
Pudiques, discrètes, fidèles
Et résolues.
Même
S'il n'y avait personne
Pour le voir,
Il serait aussi beau.

21.9.08

La nuit, avare

La nuit, avare, garde la moitié de la lune pour elle-même.

5.9.08

Et lui

photo courtesy of Nathalie Goux : http://godnat.blogspot.com/

Elle avait apporté des fleurs de tournesol,
Et lui, du soleil qui rayonnait dans ses yeux.
Elle avait apporté des orages dans son cœur,
Et lui, du vent léger pour chasser ses nuages.
Elle avait apporté sa jeunesse défraîchie,
Et lui, des larmes de joie et de chagrin pour l’arroser.
Elle avait apporté quelques graines de folie,
Et lui, un petit moulin pour en faire de la moutarde.
Elle avait apporté des fleurs de tournesol,
Et lui, un calice d’onyx pour les recevoir.