OUATE ET VERRE

OUATE ET VERRE

30.4.11

UNE HISTOIRE ÉMOUVANTE


Germaine, le manager d’un manège déménagé, gémit et rangeait ses rangers, sans manger, au ménage dément du manège. Déménager des manèges démange des managers âgés qui mangent aux ménages  déments.  Et démanger les déménageurs démentent les démangeaisons des managers déments que gêne le drame et que la merde gêna.

Dan, un gendarme de marge, géra le ménage dément  de Germaine, et aménageait des grenades au manège du ménage du manager.  Démangé par le déménagement et ses démangeaisons,  Dan demanda à ménager les rangers du manager.  La rage démente de Germaine mena à sa mort, et Dan, en danger, se déménagea.

Moralité :

Déménager les rangers des managers dérangés mène au danger géant.

29.4.11

en attendant que l'affaire se complique

en attendant que l'affaire se complique
je te soufflerai des mots éhontés d'amour
d'un printemps de vert enfleuri
et tu t'allongeras sur la chaleur
d'un sable discret
le sourire
caché
faute de rasoir
abandonné

en attendant que l'affaire se complique
les vagues nous chanteront des odes
à la transparence de la vie
à la va-et-vient et au pourquoi-
pars-tu-encore ?

en attendant que l'affaire se complique
je m'endormirai tranquille
cachée par les dunes
d'oubli

Montaigne mal mègne

Montaigne
Mal mègne
Avec ses hors tographes
Faits d'oncques
Et qui s'aheurtent
Contre moy
Voirement.

28.4.11

Crime contre l'humanité

Etre en vacances pendant que les bossus bossent...

27.4.11

Chair de poule (pour mr choule)

D.  Ouh, cela me donne des frissons !
F.   J'ai comme un doute...

25.4.11

Hilary Swank

Tableau par choule



C'est une fille 
Qui sait jouer au vif
À son regard captif
Et sa bouche, rouge coquille,
Pour représenter la douleur,
L'envie, la lutte, la peur
De toutes les Million Dollar Babies
Au ring du sort, derrière une grille
Qui vivent leur vie de maybes

La fille-garçon, le garçon- fille
La prof en perles au ghetto
La boxeuse qui cogne
Comme un doute,
Comme un frisson,
Comme un tableau
Croisé comme ça
Sur le net.

24.4.11

Avril

Piétinée au froid
D'un printemps glacé
Boîtant cruellement.

23.4.11

Le vieux bavait comme une omelette

Le vieux bavait comme une omelette
Face à ses « euh » et ses coquilles
Luisant d'entérobactéries :

Un con à la douzaine
Bien placé pour juger.

22.4.11

Sage conseil

Fais attention aux clés du bonheur. Garde-les dans ta propre poche, et pas dans celle d'un autre.

19.4.11

Pour Droufn

Qui propose un jeu de chats chez lui :


18.4.11

Montaigne, le retour

Il n'est aucune si douce consolation en la perte de nos amis que celle que nous apporte la science de n'avoir rien oublié à leur dire, et d'avoir eu avec eux une parfaite et entière communication. - Montaigne

17.4.11

Immortels

Je t'élis membre de mon Académie.
Habille-toi de vert et fais ton discours
À personne, parce que tu n'as pris
La place de personne dans mon coeur.
Le siège t'attendait, ne demandait que toi,
Et quand tu as fait ta candidature,
Mon coeur a tout de suite voté oui.

Viens prendre ta place,
Elle l'était, elle l'est, elle la sera
À toi pour toujours et un jour,

Et on gardera les autres fauteuils
Sans importance
Pour tous les autres
Qui ont vécu et qui sont morts
Sans devenir Immortels.

16.4.11

Marisol sous son parasol


Parasols par Eduardo Ungar
Pour Mille et une :

Marisol
Sous son parasol
Quand j’ai ras le bol
Je vais la voir
Uno dos tres

Porteña
Tout ce qu’elle a me va
Et quand c’est comme ça
Je vais la voir
Quatro cinco seís

J’aime son regard
Tout comme c’lui d’un couguar
Et j’aime bien son sourire
Et surtout son fou rire
Quand je lui fais des délires
Elle me dit « Ya pas pire »
Et puis elle me baise
Sur le nez
¡Ay ! ¡Ay ! ¡Ay !

Marisol
Ô ma belle folle
Forte comme un alcool
Je vais la voir
Uno dos tres

Porteña
Elle me rend gaga
Tout ce qu’elle a me va
Je vais la voir !
¡Ay ! ¡Ay ! ¡Ay !

10.4.11

Anniversaire de mariage

Vingt-neuf ans que je t'ai à l'oeil
Au printemps quand sortent les feuilles
Un dix avril, on s'est dit « Je veux »
Et depuis on vit très heureux

Toi et moi
Moi et toi
Ça fait nous
C'est tout
Et c'est tout
Ce qu'il faut

9.4.11

QUE VOYEZ-VOUS QUAND VOUS FERMEZ LES YEUX ?


Denis et Diane étaient des jumeaux. Ils avaient les mêmes yeux noirs, les mêmes cheveux gras, la même peau cireuse, les mêmes joues creuses. Ils vivaient au bout d’un long chemin, vraisemblablement dans une maison, qu’on ne pouvait pas voir depuis l’autoroute.  On disait que c’était quelque chose d’affreux, avec des trous dans les murs, et des poules se promenant dans la cuisine, des cochons faisant leur sieste dans le living.
Ce n’était pas la robe de Diane qui allait nier cette rumeur. Elle en avait peut-être d’autres, mais elle portait toujours la même, une petite affaire immonde, à carreaux, avec une mince ceinture usée autour de sa taille incertaine. Ses socquettes grisâtres tombaient toujours aux talons, se réfugiant dans ses chaussures noirâtres avec leurs lacets effilochés. Lorsqu’elle souriait -- et elle souriait beaucoup lorsqu’on la regardait -- on voyait que ses dents de devant avaient été cassées. Maintenant, je sais que cela dut faire très mal, l’accident qu’elle put avoir, mais à l’époque, je n’y pensais pas. C’était laid, c’est tout.
Un jour de printemps à la récré, quelques copines parlaient des feux d’artifice. Je n’en avais jamais vu. Sans vouloir admettre que mes parents se levaient tous les jours avant l’aube pour traire les vaches, ce qui faisait qu’ils n’avaient ni le courage ni l’envie de nous amener en ville tard le soir pour voir cela, j’écoutais les autres témoins, avec déférence et sans me prononcer.
Soudain, nous entendîmes la voix rare et graveleuse de Diane, qui avait osé s'approcher.
-  Si l’on ferme les yeux et les frotte très fort,  on peut en voir, des feux d’artifice.
Silence. Personne ne la regarda. C’était comme si elle n’avait rien dit.
Elle attendit un peu, et lorsqu’on ne répondit pas, elle s’éloigna, ses godasses éraflées faisant un bruit solitaire dans le gravier.
Après cela, elle n’essaya jamais de nous parler.
Je ne sais plus ce qui arriva à Denis. À un moment donné, il arrêta de venir à l’école. Cela ne dérangeait personne. Il était vite oublié. Il est mort il y a quelques années, mais je ne sais pas comment.
Sa sœur continuait à être là, toujours au fond de la salle, chétive, invisible dans sa robe honteuse, ses dents cassées luisant dans un sourire constant,  jusqu’au jour où son ventre commença à s’arrondir. Elle ne venait plus aux cours de gym. On se chuchotait en rigolant que c’était Denis le papa. Je reconnais aujourd’hui que c’était peut-être vrai.
Sans trop savoir pourquoi, j’aimerais la retrouver et lui demander comment elle va, si elle se maria. J’aimerais lui parler de la méchanceté inconsciente et abominable des enfants qui ont parfois la chance de grandir moins cons.
J'aimerais lui dire qu'à chaque fois que je ferme les yeux en les frottant très fort, je peux la revoir, au plein milieu des feux d’artifice.

8.4.11

Le Gardien de l'Enfer


Aux portes de l'Enfer
Le gardien quittait son service,
Rentrait voir sa femme,
Embrasser ses enfants,
Boire un petit coup,
Avant d'aller au lit
Où il comptait enfin rêver.

L'avant-aube
L'accompagnait,
Serré contre sa poitrine
Plate et froide
Où battait encore
Calmement son coeur.

La nuit avait été chargée
De nouvelles arrivées,
Des voleurs, des assassins,
Des victimes peu innocentes,
Des gens qui ont vécu leur vie
Sans penser aux autres
Même pas une seule fois.

Il leur avait montré leurs chambres
Sans fenêtres
Mais pleines de sons
Et lumières :
Des scènes d'horreur
Où l'on caressait des agneaux,
Et dansaient avec des colibris.
Ceux qui n'étaient pas encore fous
Le seraient bientôt.

Il avait bien rempli 
Les brasiers des encens
Puissants, surtout ceux qui sentaient
La liberté et
Le monde qu'ils venaient de perdre,
Gavait les maigres,
Affamait les gros,
Passant avec la serpillère
Pour essuyer les urines, les sueurs, le pus,
Parfois une larme.

Cela avait été une bonne nuit.

Aux portes d'enfer
Le gardien quittait son service,
Satisfait de son boulot.

7.4.11

Albuquerque

Le brave fidalgo
qui mutilait des Indiens,
qui assassinait des Perses,
qui pillait et volait et violait,
armé d'un courage tellement évident,
qu'il faisait toujours monter
un jeune garçon pur 
sur ses épaules
lors d'un orage,
savait bien que Dieu
n'envoyait pas Ses foudres
sur les innocents.

6.4.11

Hannah

Papa avait dit de bien regarder le grand feu. Alors, Hannah attendait, impatiente, sur son vélo. Sa robe fleurie avec les manches bombées aux épaules, sa petite coiffe noire perchée au sommet de la tête, Hannah regardait bien les flammes.

C'était comme l'enfer, elle en était sûre. C'est là où allaient les mauvaises filles qui ne faisaient pas ce que leur papa disait. 

Elle sentait le guidon entre ses mains. Elle s'imaginait sur un cheval, un cheval qui pouvait bondir sur ses flammes, et repartir vers les champs au galop. Ses petites mains se contractèrent et puis elles prirent une prise plus sûre.

Pour un bref moment, elle pensait aux pinces à chevaux qui assuraient cruellement le placement de la petite coiffe noire que portait toute femme obéissante.

Ses petits pieds sur les pédales donnaient un petit coup au flancs de son étalon, et tous deux, fille et coursier, galopaient vers les flammes.

5.4.11

Moralité

Deux poussins dans le nid,
L'aîné attaque brutalement
Son frangin, sa frangine
Au moment du repas...

Maman ne dit rien
Car elle sait  déjà que la vie
Est pour ceux qui survivent.

Celui qui est plus petit
Le restera
S'il n'apprend pas 
À donner des coups de bec.


4.4.11

Pour se désenterrer

On enlève la poussière et les pierres, poignée après poignée.

3.4.11

Fait divers

Changeons les noms, 
protégeons les innocents.
Aucun crime n'a été commis.
Circulons, il n'y plus rien à voir, 
plus rien du tout,
te dis-je.

Certaines choses
ne s'expliquent pas.

Elle avait un regard assassin,
lui l'esprit tranchant.
Lorsqu'ils sont tombés 
l'un sur l'autre,
le camp a été largement fichu.

Oh, certes, 
il y reste une plume ou deux,
moyennes, banales,
presque vidées d'encre,
et, quelque part, une vieille poule nue 
qui fait son cot-cot-gla-gla
dans une basse-cour abandonnée,
balayée par le vent froid.

2.4.11

Excision

Un couteau n'est jamais nécessaire pour couper, surtout au vif.

1.4.11

Voici la chambre

Pour le blog mille et une

Voici la chambre. 

Une table, un lit, une fenêtre, 
deux portes, deux chaises et deux oreillers. 
J'abandonne les angles des murs, 
trop durs.

Deux chaises pour nous asseoir après nos nuits accouplées, 
tête à tête, ventre à ventre,
les pieds enlacés dans l'abandon,
 tôt ou tard
dormant enfin sur nos quatre oreilles.

Voici encore la serviette qui t'a séchée --
tu la passais sur ton visage,
frottant ton dos,
et puis tes seins, tes cuisses,
devant la fenêtre ouverte, 
et nous respirions l'air infecte d'Arles 
ces lendemains de nos amours.

Nous ne sommes plus,
Nous ne nous en souvenons plus :
Ces élans, ces sueurs,
Ces moments où nous coulions ensemble
Comme deux fleuves,
Ce point de confluence de nos corps.

Mais la chambre,
fidèle témoin,
en parle encore.