OUATE ET VERRE

OUATE ET VERRE

28.2.11

perce-neige

perce-neige
perce-froid
perce-glace
perce-terre

 marteau piqueur
qui dégotte
le plaisir
de te revoir
après tout
ce temps
imperçable

perce-temps
perce-océan
perce-coeur
perce-perce

27.2.11

samedi sur un banc au parc

Par Iowagirl

samedi sur un banc au parc on donnait à manger aux pigeons
aux piafs, vraiment, mais les pigeons dominaient et prenaient la grosse part
et les piafs ont fait comme ils pouvaient et tu m'as dit que c'est comme ça
le monde, les gros menacent les petits et leur volent leur croûte et j'ai dit
c'est pareil entre les femmes, on disputent des hommes comme des croûtes
et puis tu m'as dit c'est cool, comme quoi tu auras au moins un crouton
pour tes salades et j'ai souri et tu as frappé ma basket droite avec ta basket
gauche et puis on s'est embrassé comme un de ces couples 
sur une photo de Doisneau

26.2.11

ADIEU

franchir

Un jour, toi aussi, tu passeras par ce portail.

Tu repartiras, sans regarder en arrière,
ton col défait,
tes cheveux ébouriffés par la brise chaleureuse.



Tu traverseras le pré ensoleillé.
Il y aura des trous de verdure, quelques haillons,
un ruisseau,
mais tu ne les verras pas.

Le soleil sera chaud sur tes épaules,
tu respireras l'air d'un après-midi d'été,
le chant des alouettes
t'accompagnera
et nous entendrons, de loin,
les échos de ton rire qui s'éloignera peu à peu.

Nous ne t'attendrons pas, mon amour,
car tu ne seras pas de retour
avant que la nuit ne retombe sur nous tous.

25.2.11

bureau

soldat, diplôme
stylo, calculatrice
lampe, clavier
avis de vente

deux pierres qui se déplacement mystérieusement dans le désert
font la course pour revenir au lieu de leur naissance

tapis souris à la retraite
souris sans fil dansant sur un Bouddha

dico, déco, photo, plante
crayons, crayons, crayons, crayons

écran où paraissent, par magie,
ces mots

24.2.11

Crime and punishment

La clé qui n'ouvre plus 
La serrure
Sera pendue
À côté de la porte.

23.2.11

Limbes

Une milliseconde
C'est tout ce qu'il faut
Pour rendre une vie au vide.
C'est en ce dernier moment
Entre les deux
Que je veux passer l'éternité,
Loin des flammes de l'enfer
Mais aussi à l'abri
Des chants des anges.

22.2.11

Au petit matin

par Iowagirl

Au petit matin, les couleurs coulées se cachent, cool, derrière tes paupières.
Ta tête danse le boogaloo et puis le frug et puis le watusi.
La fatigue te fait des réflexions, elle te jette de l'acide aux yeux
Et tes larmes s'enfuient jusqu'à ta mâchoire avant de se jeter
Vers la lumière du petit matin.

Au petit matin incandescent, tes neurones indécents abandonnent les us et les airs
Jusqu'à devenir des néons flagadas qui flashent encore,
Oubliés dans le froid, ignorés par tous ceux qui dorment, sages,
Et justes, et inconsciencieux
De la lumière du petit matin.

20.2.11

La ville infrared

Par Iowagirl

Même le meilleur prof du monde ne peut pas t'apprendre à voir l'infrarouge. 

- Robert Sylwester

19.2.11

Printemps au cimetière




Par Iowagirl

Je me sens toute penaude.
Je suis partie deux minutes pour prendre un café
Et maintenant,
Je ne retrouve plus ma tombe.

Jeunesse

Un instant léger
Comme le parfum discret
Des lilas de Perse

18.2.11

Préhistorique

Cela a commencé avec les premières marques grattées dans le sable et sur les rochers.

- Ugh, Ough, c'est pas ~||><+// ! C'est ~||><+/\ !

17.2.11

Le carrefour

par erreur
tu tournes à gauche
sans te rendre compte
que tu peux 
encore tourner
deux fois à droite
et tout sera comme avant
tu rouleras sous le soleil
en chantant à tue-tête

16.2.11

Parfum

Méfie-toi de la peau
qui sent l'ambre, oh...
c'est ainsi
que l'Antiquité
a fossilisé
des mouches.

Yin yan

Le café est bon et chaud et fort
Mais parfois tu te casses les dents
Sur le bord de la tasse.

15.2.11

L'amitié selon Montaigne

Aimez-les comme si un jour, vous deviez les haïr, haissez-les comme si un jour, vous deviez les aimer. - Montaigne, citant Chilon de Sparte

Ô mes amis, il n'y a pas d'amis. - Aristote

C'est quoi cet amour de l'amitié ? Pourquoi n'aime-t-on ni les jeunes laids ni les beaux vieux ? - Ciceron

Heureux celui qui a croisé même l'ombre d'un ami. - Menandre

Au demeurant, ce que nous appelons ordinairement amis et amitiés, ce ne sont qu'accointances et familiarités nouées par quelque occasion ou commodité, par le moyen de laquelle nos âmes s'entretiennent. - Montaigne, lui-même

14.2.11

Et si tu me piques, est-ce que je ne saigne pas ?

Toujours la petite gifle,
Le coup de couteau dans le dos -
Ou pire, dans le coeur.

Range donc tes punaises,
Tes couteaux,
Tes morsures.

12.2.11

Je dis ça, je dis rien, hein ?

- Ça !

- Hein ?

- Rien !

11.2.11

Alors, faites qu'il pleuve !

Madame Machin est une vraie oeuvre d'art
Elle n'a pas d'esprit, mais ne lâche pas sa part.
Dans la meute, c'est elle, toujours à l'avant
Avec du goudron et des plumes, aggravant
Tous les crimes sans rimes de toutes ses victimes.

Madame Machin a le sens de justice
Elle sait bien choisir la parfaite supplice -
Et juste quand tu penses qu'elle arrêtera
Ell' se fouette le sang : bobinette cherra !
Béances des agences jusqu'aux prochaines urgences.

Saignez donc à flots, ce n'est que son dû,
Sinon, elle revient pour vous manger crû
Sa meute est avide, et bon, ils s'ennuient
Comme des rats morts, il seront à l'appui
De Madame Machin sous son prochain chagrin.

10.2.11

Gentillesse

Soyez gentil, parce que chacun que vous croisez est en train de lutter.  - Platon

9.2.11

Zen

C'est en boudant qu'on devient Bouddhiste. - Moi

8.2.11

Pas si immoraliste que ça...

Il vaut mieux être détesté pour ce que vous êtes que d'être aimé pour ce que vous n'êtes pas. - Gide

7.2.11

Quand le monde est plus blanc que noir...

Quand le monde est plus blanc que noir
Et la nuit reluit sous la lune,
L'aveuglement te prend et laisse
Un grand froid dans ton coeur.

L'hiver est au bout de tes doigts, de ton nez, de tes orteils,
Ton sang coagulé circule à tâtons, sagement,
Craignant le pire.

Ton coeur est gelé, il ne bat presque plus.
Ses distances sont énormes,
Et tu as eu tort de penser autrement.

Ta peau est rêche, ton âme gercée
Par ce silence rarement percé
Par les loups, tous chassés.

Mais tu connais cette forêt, tu l'as toujours connue,
Tu as souvent vu le hibou s'envoler sans bruit.
Il s'envolera encore.

Tu sais où se trouve le ruisseau,
Tu entends l'eau qui coule faiblement
Au-dessous de ses couches de glace.

Mais ce monde est plus blanc que noir,
Et tu as envie de te reposer sous la neige.

6.2.11

Petit détour

Les vautours autour
Aux tours, ça vaut
Le détour...

Affamés, ils s'occupent
De tout qui est mort,
Puant,
Gluant,
Pourri.

Remets ce bout
de viande fraîche.

Ils ne sauront pas
Quoi faire avec.

Petit détour
Aux tours
Au tour
Des vautours.

5.2.11

Déconfitures

Ils connaissent bien ton adresse pour les faire-part-cadeau-obligatoire, mais l'oublient lorsque c'est ton anniversaire.

Ils s'attendent à tes applaudissements sans jamais penser à mettre les deux mains ensemble pour toi.

Leurs vies sont tristes, tu leur tends des tas et des tas de Kleenex, et, à chaque fois, ils ne pensent jamais à te rendre la boîte.

Il n'y a pas de mot pour eux, mais toi, si: c'est toi la poire qu'on garde pour la soif...

4.2.11

Libération

L'amour est grand et beau jusqu'au jour où il te montre sa petitesse.

La première fois, tu es surprise, oui.

La deuxième, encore, oui, pas possible.

La troisième fois, alors, cela devient une habitude, peut-être, mais bon, c'est de ta faute, sans doute aucun, faudra que tu fasses un effort.

Finalement, tu le laisses faire, jusqu'au jour où tu le retrouves en train de pisser sur tes nouvelles chaussures...

Et tu le regardes direct dans les yeux et tu lui dis « Casse-toi, pauvre connard ! » et tu le regardes s'éloigner avec ses stupides flèches, ses couches, et cette gueule enfantine et tu commences à rire,

Et tu ris et tu ris et tu roules par terre, parce que tu sais bien, tu le savais depuis toujours :

Que l'amour est grand et beau jusqu'au jour où il te montre son tout petit zizi et tu te dis « Merde, j'ai vu des cornichons plus grands que ça ! »

3.2.11

Invitée d'honneur : brigetoun

Chers amis, j'ai le plaisir et le grand honneur aujourd'hui de participer aux Vases communicants, un échange entre bloggueurs qui a lieu le premier vendredi de chaque mois. Brigetoun m'a invitée, mon texte se trouve chez elle, et vous trouvez le sien ici. Vous constaterez la beauté de sa plume, et je sais que vous la recevrez chaleureusement.

Tiers Livre et Scriptopolis sont à l'initiative d'un projet de vases communicants : le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d'un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre. » et soit tu recopies la liste (17 aux dernières nouvelles ) soit, plus simplement, tu ajoutes « la liste des échanges de février se trouve sur http://vasescommunicants.blogspot.com/2011/01/liste-de-fevrier-en-cours.html ou sur http://brigetoun.blogspot.com




convalescence


Montée en vitesse contenue, calme.
Ton corps vu de dessus, déformé, en mouvement, poitrail biais, effacé, corps allongé, comme une flèche que l'on tirerait lentement en arrière avant de la laisser vibrer.
Blondeur mouvante.
Orage mon ami, bienvenu sois-tu,
D'où viens-tu ?

Assise sur le bout de terrasse, dans le reste de soleil, je ne commençais pas à attendre.
J'ai tourné la tête en entendant le très léger bruit de ton souffle, ou peut-être simplement parce que j'ai senti ta présence dans cette tombée du soir.
Ton museau contre moi, pesant. Ta tête levée, interrogative.
Nous sommes seuls, mon ami, pour un temps. Ils sont dans leur vie, les vaillants.
Je mets la main sur le noeud de muscles, entre tes épaules. Je sens ta force.
Je me hisse, me lance vers le mur, le suis. Je rentre
ton museau sur mes talons.
D'où viens-tu ?

Assise sur le canapé, face à toi,
assis, me regardant.
Tu ne me réponds pas, bien sûr. Tu penches la tête, un peu.
Tes yeux humides qui débordent.

Ta largeur. Ta jeunesse puissante.
Ce ravissement de ton poil, aussi clair, aussi brillant et changeant qu'un Senneh.
Je ne sais pas mesurer le temps. Il me semble que l'air a pâli, dehors, et que l'obscurité le pénètre lentement.
Ils vont rentrer. Tu es calme. Tu bailles.

Je regarde le temps passer.
Je suis absente.
Tu t'es allongé sur le plancher – je t'ai poussé du pieds pour que tu sortes du tapis – tête couchée – Tu dors.
Il fait nuit.
Je t'éveille en bougeant. Ton regard, à nouveau, plein de douceur, d'eau.
Je me lève.
Tu te lèves. Tu te dresses contre moi, pour me consoler.
Et je retombe assise, en désordre, si brusquement, trop vite pour une panique.
Trop faible pour ton poids, et secouée de rire.
Rire qui déborde, me fait du bien, dure.
Tu es retombé assis, toi aussi, sévère, rigide, vexé.
Nous nous regardons et le temps s'éternise.

Tu tournes la tête.
Nous entendons la voiture.
Orage, mon ami,
tu es très beau, tu es très tendre, tu es très con.
J'installe ma faiblesse, trop grande pour être triste,
bien blottie dans ton poil,
là où il passe de l'or au blanc dans la lumière
et, du pied, je te pousse un peu, pour que tu me saches là,
je tends le bras, je pèse sur ton cou, tu vas les accueillir.

(c) Brigitte Célérier

2.2.11

Citationnement

Ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts, mais c'est vrai que Nietzsche n'a jamais eu des règles.